En 1914 et/ou 1915, les 1er RIC, 2e RIC, 3e RIC, 33e RIC (son régiment de réserve) et 4e RIC à Massiges, Côte 191, Col et Bois des Abeilles, Médius, Ville-sur-Tourbe, Virginy, Beauséjour et son fortin.

(Soldats classés par régiment et par date croissante de combats. MPLF = Mort Pour La France)

Accès simplifié aux nouveaux soldats depuis la page d'accueil, dans INTRODUCTION ou SOLDATS DE LA MAIN.

 

 

Les 4 FRERES GRAGNIC

Ploerdut et Lignol, MORBIHAN

La guerre n'a pas épargné les fratries...

Tous incorporés dans des régiments différents, 3 de ces frères ont été tués ou blessé le MEME JOUR ; 2 au MEME ENDROIT !!!

2 sépultures restent introuvables tout comme 3 fiches matricules...

 

A) DISPARU MPLF à VILLE-SUR-TOURBE le 15/09/1914

Pierre Marie GRAGNIC 1er RIC, 21 ans

Né le 26/02/1893, classe 1913, matricule 402 au recrutement de St Brieuc.

Après la chaleur meurtrière du mois d'août et les combats sanglants de Rossignol (27 000 morts côté français le 22 août 1914), les hommes sont épuisés et doivent affronter le mauvais temps.

Les 14-15 et 16 septembre 1914 à Ville sur Tourbe, le 1er RIC combat aux côtés du régiment de son frère Louis.

Le 14 : Les hommes tombent immédiatement sous le feu intense de l'artillerie allemande.

Le 15 : Pertes énormes : tous les officiers, sauf un, sont mis hors de combat . Perte de + de 1100 hommes de troupe...soit la moitié du régiment ! (JMO du 1er RIC)

 

B) BLESSE à VILLE-SUR-TOURBE le 15/09/1914

Louis GRAGNIC 2e RIC, 29 ans

Né le 02/01/1885, fils de Jean et de Marie Jaffré.

Profession : charretier ; 1,66 m ; cheveux châtains, yeux roux

Classe 1905, matricule 2668 au recrutement de Lorient.

Arrivé le 03/08/1914 , parti au 2e RIC le 30/08/1914

Blessé le 15/09/1914 à Ville sur Tourbe : "balle à l'épaule gauche"

En 1914, Louis en convalescence à Biarritz

En permission en 1915 à Ploerdut, avec son épouse Marie et le petit Louis né en janvier 1915.

Rentré au dépot le 08/08/1915, il passe au 1er Régiment d'Artillerie Coloniale le 15/11/1915 ; inapte au service armé pour blessure de guerre à l'épaule gauche, il est classé dans le Service Auxiliaire (colonne de ravitaillement) le 08/02/1916.

Il rejoint l' Armée d'Orient et participe au Corps expéditionnaire en Italie (22 mois d'Orient).

Médaille militaire italienne

Pension d'invalidité de 20 % pour "séquelles de plaie par balle avec gêne de l'élévation du bras, et pour séquelles de paludisme".

 

C) MORT POUR LA FRANCE à Prunay (MARNE) 15/09/1914

Joseph Marie GRAIGNIC 1er Rég de zouaves (devenu le 8e RMZ) 23 ans

(Pendant son service militaire au Maroc en 1912)

Né le 18/02/1891, classe 1911, matricule 326 au recrutement de St Brieuc.

Historique du 8eme RMZ

 

Sans oublier leur frère Joseph GRAGNIC né le 23/02/1896, et parti au front en 1916 (registre matricule 431 introuvable).

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Louis Gragnic, petit-fils de Louis Gragnic, fils du petit Louis et petit-neveu de Joseph Marie, Joseph et Pierre)

 

 

DISPARU MPLF à VILLE-SUR-TOURBE le 15/09/1914

Yves LE SAINT 2e RIC, 30 ans

Plounévez-Lochrist, FINISTERE

Né le 06/09/1884, fils de Guillaume et de Marie Anne Peden ; classe 1904, matricule 2554 au recrutement de Brest.

1,69m ; cheveux châtain clair, yeux gris bleu

Profession : cultivateur

Condamné en 1912 à 15 jours de prison (mais sursis à l'exécution) pour "outrage à la gendarmerie".

Arrivé au 2e RIC le 03/08/1914, parti aux Armées le 01/09/1014.

Porté disparu le 15 septembre 1914 à Ville-sur-Tourbe.

"Brave soldat. Tué glorieusement au combat de Ville-Sur-Tourbe en accomplissant son devoir".

Croix de guerre avec étoile de bronze.

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Pierre Aubry)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE le 15 ou 16/09/1914

François PEDRON, 32 ans

Caden, MORBIHAN

Caporal du 2e RIC, 11e Cie

Né le 24/02/1882, fils de Julien et de feue Marie Le Borgne ; classe 1902, matricule 464 au recrutement de Vannes.

1,55 m : cheveux et yeux châtains

Profession : cultivateur

Le 26/11/1911, il épouse Philomène Briand : de cette union naîtront 3 enfants : Philomène, Clémentine et François.

Nommé Caporal le 06/05/1912

Rappelé à l'activité au 2e RIC le 13/08/1914, parti aux Armées le 20/08/1914

Il est tué à l'ennemi le 15 ou 16 septembre 1914 (17 octobre sur l'acte de décès) probablement à Villes-sur-Tourbe (3 kms de Massiges)

(En hommage de Laetitia Trochut, sa petite-nièce)

 

 

DISPARU MPLF à MINAUCOURT le 26/09/1914
Hervé Charles GUERNIC
Scaer, FINISTERE
Sergent au 2e RIC

Né le 12/05/1889, fils de feu Jean et de Julienne Le Goff ; Soutien de famille, père décédé, 7 sœurs et 3 frères
Classe 1909, matricule 2063 au recrutement de Quimper.
Profession : Valet de chambre
1,76m, cheveux blonds, yeux bleus
Célibataire

Incorporé le 05/10/1910 au 76e RI de Paris
Nommé Caporal le 19/06/1911 puis Sergent le 20/09/1912
Mobilisé le 04/08/1914 au 2e RIC

Citation : "Tombé glorieusement pour la France dans l’accomplissement de son devoir le 26/09/1914 à Minaucourt".
Croix de Guerre avec Etoile de Bronze


(avec l’aimable autorisation de Mme Florence Goutin sa petite-nièce)

 

 

DISPARU MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE le 20/09/1914

Jean Henri DARTIGUE-PEYROU, 30 ans

Orthez, BASSES PYRENNES

Caporal au 3e RIC

Né le 09/08/1884, fils de Jean et de Marie Pauline Narp ; classe 1904, matricule n° 384 au recrutement de Pau. Fait exceptionnel, fruit du hasard : son frère Paul Edouard, mobilisé lui aussi, a le même numéro de matricule. Plus chanceux, il rentrera en 1919.

1,67m ; cheveux et yeux châtains

Profession : cultivateur

Service militaire au 18e RI de 1905 à 1907, nommé Caporal le 01/01/1907

Mobilisé au 3e RIC le 02/08/1914

"En septembre 1914, le régiment tient le secteur de Ville-sur-Tourbe avec le 7e RIC. Le régiment a tenu, malgré son faible effectif et une épidémie d' embarras gastrique fébrile, dans des circonstances exceptionnellement ardues." (Historique du 3e RIC)

Henri Dartigue-Peyrou écrit à sa femme la veille de sa mort :

"Ma chérie bien aimée

Je t'écris quelques lignes à lueur d'un bon feu, dans une maison bourgeoise abandonnée, et je t' assure que ce feu est le bienvenu, car nous venons d' être relevés de la première ligne que nous occupions depuis le 16 au soir nuit et jour et avec la pluie surtout cette nuit dernière. Je te dirais que c'est le mauvais temps que je crains le plus, car les balles et les obus me sont tout à fait familliers, et cela parce que sens Dieu en moi me soutenir, à ce qu'il est doux dans ces moments de l'avoir avec soi, et de savoir qu'il est avec tous les miens, oui je suis tellemenr persuadé qu'il auprès de vous pour vous soutenir, que cela me donne une grande force pour moi, c'est ce que je lui demande chaque jour, je te dirais même que j'ai la foi qu'il nous réunira encore ici bas (...) Ecris-moi plus que je ne le fais car cela m'est difficile, surtout de les envoyer, et aussi est-il vrai de les recevoir, mais sur le nombres, en aurai-je quelques-unes. Adieu chérie au-revoir à ce moment tu me trouves dans la maison du maire c'est là que je trouve cette feuille avec d'autres semblables qui me seront utiles si je puis les conserver intactes de la pluie. Encore un baiser. Henri"

Le 20/09/1914, de gros bombardements ont lieu sur le secteur. Mortellement blessé par une salve d'artillerie Henri Dartigue-Peyrou décède au poste de secours le soir même.

Un camarade enverra un courrier à sa femme lui expliquant les circonstances de sa mort dans un camp médical à l'arrière.

Henri est pourtant porté disparu. Le jugement de décès ne sera transcrit qu'en 1920, une fois les prisonniers rentrés.

Deux témoins étaient obligatoires pour dresser l'acte de décès. Que l'un des deux témoins ait été tué, que le poste de secours ait été bombardé rendant toute identification ultérieure impossible, le soldat était porté disparu.

Situation dramatique pour la famille, compliquant singulièrement le travail de deuil et retardant de 6 années le versement d' une pension à sa veuve et la reconnaissance de ses enfants comme pupilles de la nation.

Probablement relevé au plus tard dans les années qui ont suivi la remise en culture des champs, son corps non identifié repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires de la Nécropole Militaire de Minaucourt.

(Avec l'aimable autorisation de Laetitia Dartigue-Peyrou, son arrière petite-fille)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE le 25/09/1915

Léon BEAUSSERON, 34 ans

Lussant, CHARENTE INFERIEURE

3e RIC

Né le 17/11/1880, fils de François et Léontine David ; classe 1900, matricule n°1139 au recrutement de La Rochelle.

1,61m ; cheveux châtains, yeux gris bleu

Profession : maçon

Service militaire au 49e RI en 1901, réformé en 1903 pour "dyspepsie chronique et rebelle"

Suite à l'hémorragie des premiers mois de guerre, de nombreux hommes réformés sont rappelés.

Classé dans le service armé le 11/12/1914, affecté au 7e RIC.

Arrivé au corps le 19/02/1915, passé au 3e RIC le 05/04/1915

Tué à l'ennemi le 25/09/1915 à VILLE-SUR-TOURBE

Primo-inhumé au Cimetière Militaire de Virginy, il est transféré en 1923 dans l'un des ossuaires de la Nécropole Nationale du Pont de Marson.

(Avec l'aimable autorisation de sa famille, de visite à Massiges en Juillet 2018)

 

 

Disparu MPLF à VILLE-SUR-TOURBE le 25/09/1915, retrouvé ensuite

Pierre André DOCHE, 27 ans

Margueron, GIRONDE

Caporal téléphoniste au 3e RIC

Né le 5 mai 1888, fils de Jean Doche et de Anne Loncle, 3 frères : Louis, Adrien et Henri ; 1 sœur, Louise.

Profession : cultivateur à Margueron.

Classe 1908, matricule 320 au recrutement de Libourne. 1m72, cheveux châtains, yeux marrons foncés

(son livret individuel)

De 1909 à 1911, André Doche effectue son service au 31e bataillon sénégalais (casernement à Lure).

Le 22/05/1912, il épouse Marie Faugère.

07/04/1913 : naissance de leur première fille Anne, Germaine, Denise.

En Octobre 1913, André Doche effectue une période obligatoire de 23 jours en tant que réserviste de l’armée active à Rochefort. Il écrit :


"Ma chère petite femme

Il me tarde beaucoup de recevoir des nouvelles car voila déjà six jours que je ne t’ai point vu je l’assure que le temps ne passe pas vite il passe plus vite lorsque je suis auprès de toi. mais que veux tu il faut attendre 23 jours (...) Aujourd’hui Jeudi nous avons eu une marche d’au moins 30Kilometres nous sommes parti a 5 heures du matin et nous sommes rentré a 11heurs
je t’assure que j’étais très content d’arriver car je n’en avais jamais fait de pareille moi qui disais a la maman que je ne pourrais pas aller à St Foy à pied. Il faut bien en faire davantage. Je ferai tout mon possible pour faire les manœuvres mais tout de même je ne forcerai pas plus qu’il ne faut. En attendant le plaisir de recevoir de tes nouvelles reçois ma bien aimée ainsi que ma petite Denise papa maman mille baisers. A Doche"


01/08/1914 : rappelé au 3e RIC en tant que soldat de 1ère Classe

7-8/08/1914 : dans la nuit, le régiment quitte Rochefort sur mer pour Bar le Duc.

11-22/08/1914 : mouvement offensif en direction de Neufchâteau en Belgique.

22/08/1914 : bataille des frontières, terribles combats de Rossignol.

André Doche livre ici l'un des très rares témoignages du 22 AOUT 1914, journée la plus meurtrière de l'histoire de la France : (transcrite çi-après)

Le 23 Aout 1914 :

"Mille baisers aussi pour papa et maman ainsi qu’a tous les parents et amis. Ma bien aimée Je m’empresse encore une fois de te donner de mes nouvelles qui sont toujours à peu prés les mêmes. D’abord je te dirais ma bien aimée que j’ai reçu ta première lettre. Je t’assure que je l’ai reçu avec plaisir car il y a longtemps que je l’attendais. Je suis heureux de voir que tu es en bonne santé ainsi que toute la famille et aussi de voir que ma petite Denise pense bien à moi.

nous voilà en prise avec les Allemands hier samedi 22 nous sommes tombés dans un grand piège qu’ils nous avaient tendus nous marchions une brigade pour aller cantonner dans un village comme d’habitude les allemands n’était point signalé lorsque nous arrivons au village voila les canons qui commence a nous bombarder et pour nous nos fusils ne le pouvait guère car de suite nous nous sommes trouver enfermé entre deus feux et le plus fort c’est que nous n’avions point d’artillerie pour pouvoir nous protéger c’est ce qui a fiat le plus de tord car nos fusils ne pouvait point leur répondre car ils était dans les tranchets on ne pouvait rien faire que de se sauver ou l’on pouvait mais ce n’était guère possible quand passant sous les balles. Dieu nous a garder car nous étions dans le village il n’était plus possible d’y rester nous partons mais n’étions pas parti que le village était en flamme depuis ce village nous nous sommes dirigé vers un petit bois en travers dans un pré d’une longueur de 150 mètres sous la pluie des mitrailleuses qui nous tirait dessus nous ne devions pas mourir. En arrivant au bois voilà que j’entends un obus qui arrive je me couche pour me cacher et voilà que je me sens (projeter) au reins je me croyais blesser par un éclat mais non. Je n’ai eu que le choc qui n’est rien pas même une égratignure Dieu merci. Heureusement que l’artillerie française est arrivé vers 5 heures du soir et c’est elle qui nous a sauvé car sans ça nous étions tous perdus.
Dieu merci ça a mieux marcher que nous l’espérions car nos étions 20 mille français contre 120 mille Allemands. Tu vois ma cherie si nous étions dans de jolis draps et sur ces 20 mille nous sommes sortis peut être 3 ou 4 mille le premier et le 2ième Regits d’inf coloniale ont été complètement anéantis le 3ième nous sommes peut être 3 ou 4 cent sur 3 mille Tu vois d’ici le carnage qu’il y avait Dieu veuille que cela ne se renouvelle pas si fort. Si je te donne toute ces explications c’est que aujourd’hui Dimanche nous nous sommes repliés en arrière et nous nous reposons l’après midi et ce n’est pas de trop car depuis Samedi matin que nous étions parti pour aller cantonner au village ou nous avons eu la bataille qui a duré jusqu’au soir a la nuit, ensuite nous sommes parti et nous sommes arrivé à notre cantonnement ce matin dimanche a 3 heures du matin avec un quart (jus) et deux ou trois bouché de pain que nous avions manger en marchant et encore on ne pensait pas à manger car après avoir vu ce carnage passé personne ne disait rien.

Je ne (t’en) dis pas plus long ma chérie car une lettre si grande qu’elle soit ne pourrais jamais contenir tout ce qui s’est déroulé dans cette journée du 22 (Aout) ce que je te demande ma chérie C’est que tu prie de plus en plus le bon Dieu pour moi. En attendant le beau jour ou Dieu nous reunira reçois ma cherie de ton petit mari qui ne t’oublie pas ainsi qu’a sa petite Denise les plus doux baisers. A Doche"

 

27/08/1914 : combat vers la forêt de Dieulet (bataille de la Meuse)

6-11/09/1914 : 1ère bataille de la Marne, bataille de Vitry, combats vers Ecriennes, Thieblemont-Faremont, Matignicourt-et-Goncourt puis poursuite par Favresse et Saint-Jean-devant Possesse jusque vers Ville Sur Tourbe.

14/09 au 20/12/1914 : combats dans cette région, puis stabilisation du front et occupation d’un secteur vers Ville Sur Tourbe et le bois d’hauzy (guerre des mines). Perte du Bois de Ville et attaque française sur Melzicourt et occupation du village.

20/12/1914 au 31/05/1915 : engagé dans la 1ère bataille de champagne : attaque allemande le 23 au nord de Ville Sur Tourbe. Puis organisation du terrain conquis.

 

Maffrecourt le 24 janvier 1915 : 7 heures soir

"Ma chérie et bien aimée

C’est toujours avec un bien grand plaisir que je reçois de tes nouvelles ce soir je viens de recevoir une lettre datée du 20 janvier au soir elle a donc mis juste 4 jours je suis heureux de recevoir des nouvelles si fraiche au prix des autres qui mettaient 6 ou 7 jours donc je suis heureux de voir que tu es toujours en bonne santé peut être que lorsque tu recevras cette lettre il y aura du nouveau pour toi Dieu veuille que tout aille bien afin que nous puissions nous revoir un jour ; tu me dis sur ta lettre que je ne passe pas plus de 2 jours sans te donner de mes nouvelles ma chérie je te dirais qu’il y a longtemps que je suis resté plus de 2 jours sans te donner de mes nouvelles au contraire je t’écris presque tous les jours si je passe un jour des fois c’est que je ne puis faire autrement car tu sais bien que je te l’ai promis et je vois par moi-même qu’on est bien content d’avoir des nouvelles car moi je t’assure que je suis bien content d’avoir presque tous les jours de tes nouvelles.

Sur une de tes lettres tu me disais que je devrais me faire photografié ma chérie il y a longtemps que j’y pensais mais ma chérie c’est presque impossible car il n’y a point de photographe à Maffrecourt et pour cela il faut aller à St Ménehould et tu sais on ne peut pas y aller comme on veut il faut une permission du corps d’armée et il n’y a guère que des cyclistes ou bien quelques conducteurs qui y vont conduire des fourrièrs pour faire des provisions pour les compagnies je t’assure que si je l’avais pu il y a longtemps que je l’aurai fait mais comme tu vois c’est impossible. Aujourd’hui j’ai écrit au cousin Albert et au cousin Louis Grenier. Tu me dis que tante Blanche reste à présent chez le pépé il doit être content de l’avoir auprès de lui et s’il te garde la petite Denise tu es un peu plus tranquille pour faire ton ouvrage pauvre petite comme je serai heureux de la revoir ainsi qu’a toi ma chérie quand est ce donc que nous pourrons nous revoir quelle joie pour nous de se revoir.

Aujourd’hui dimanche je suis allé à la messe et ce soir je suis allé à vêpres je t’assure qu’i y a longtemps que je n’avais pu en faire autant, j’étais heureux de pouvoir y aller car je me disais peut être que ma chérie est à souffrir aussi. Je t’assure que j’ai bien prié pour toi afin qu’il nous protège de tous malheurs. Je te remercie ma chérie de tous les renseignements que tu me donnes au sujet des travaux je suis heureux de savoir ce qui se passe je sais bien que le travail ne vous manque pas car quant j’y étais il y en avait assez pour tout le monde. Sur ta lettre tu me dis que Pierre est allé souper avec vous autres c’est encore heureux pour cette pauvre Marie qu’il ne soit pas parti car avec tout ces bestiaux elle aurait eu quelques choses à faire. Tu me dis que le tonton Léon garde la (moutonnière ?) il a peur que s’il vient à partir elle ne pousse pas enfin il vaut mieux qu’il la garde et qu’il n’est pas besoin de partir. Je suis toujours en très bonne santé et désire que ma lettre vous trouve tous de même.

Reçois ma chérie et bien aimée ainsi que ma petite Denise les plus doux baisers de celui qui ne cesse de penser à vous et vous aime toujours bien. André Doche

Mille baisers au papa et à la maman ainsi qu’aux grands parents à tante Blanche et chez le tonton Léon bonjour aux voisins et amis bonjour à Mr le curé. Encore mille millions de baisers de ton chéri qui ne t’oublie pas et ne t’oubliera jamais . Adieu ma chérie mon amour mille baisers. André Doche

Adieu ma chérie bonne nuit que je te souhaite adieu mon amour. André Doche"

 

28 janvier 1915 : naissance de sa seconde fille Marie, Jeanne, Marcelle qu’il ne connaîtra jamais.

Lettre retrouvée incomplète :

"(...) Ma petite chérie je mets dans ma lettre quelques fleurs en souvenir de Maffrécourt j’espère te faire plaisir en te les envoyant. Ici rien de particulier, le temps est toujours variable et au froid. Je te quitte ma chérie pour aller me coucher.
Reçois ma bien aimée ainsi que notre petite Denise et Marcelle les plus doux baisers de celui qui vous aime toujours bien Mille baisers au papa et a la maman ainsi qu’aux Grands Parents sans oublier chez le tonton Leon (...) Adieu ma chérie ma bien aimée Bonne nuit mille millions de baisers de ton amour chérie qui ne t’oublie pas et t’oubliera jamais et qui t’aime toujours bien et a qui il tarde de revenir auprès de toi
. A Doche"

Maffrecourt le 1er février 1915 :

"Ma chérie ma bien aimée

Ce n’est pas sans une grande émotion que ce matin j’ai reçu une lettre et d’abord je me suis aperçu que ce n’était point toi qui avait écrit l’adresse et pour tout c’était toujours les mêmes cachets aussi je t’assure qu’il me tardait de savoir ce que contenait cette lettre justement lorsque l’on m’a donné la lettre j’étais parti pour aller à la messe mais je n’ai pas pu attendre que la messe soit finie pour pouvoir la lire et je vois que tout va bien et aussi que cela a marcher assez vite et que j’ai une grosse fille de plus. Je remercie le bon Dieu que tout ce soit si bien passé et si vite : Dieu veuille que tout aille encore bien et tout le temps. J’espère bien avoir une autre lettre ce soir car celle que j’ai reçu ce matin était arrivée d’hier au soir et je l’aurai eu hier au soir si j’avais été à Maffrecourt enfin il n’y a pas grande importance car pour la réponse c’est la même chose. Chère maman je suis bien heureux que vous m’ayez appris la naissance de notre petite fille j’ai vu sur votre lettre que vous avez été bien pressé pendant un petit moment 3 heures environ mais ce temps a dû vous paraître bien long et surtout en voyant que ça marchais si vite et que la sage femme ne venait pas vite Dieu a voulu que ce soit vous qui fassiez cette office et Dieu merci tout à bien marché espérons que cela durera et que tout ira pour le mieux. Surtout que ma chérie ne fasse pas d’imprudence car avec les temps qui se passe ce ne serait pas difficile de prendre mal. Je sais bien chère maman que vous ferez tout ce que vous pourrez pour elle aussi j’ai confiance que tout marchera pour le mieux c’est bien malheureux que je sois si loin de vous tous car je crois bien que je vous servirai à quelque chose car le travail ne doit pas vous manquer en ce moment mais Dieu ne le vois pas ainsi espérons que tout cela finira le plus tôt possible afin que je puisse revenir auprès de vous tous. Donc encore une fois merci de vos bons soins pour ma chérie et bien aimée. Ma chère Lili je te demande pardon si je me suis coupé dans ma lettre et que je me sois adressé un moment à la maman je crois bien qu’elle méritais mes remerciements et que c’était mon devoir de la remercier, donc ma chérie voilà la naissance de notre petite fille qui est arrivée oh ma chérie je te dirai que

j’avais dans l’idée qu’il y avait du changement surtout après avoir reçu la veille une de tes lettres et où le lendemain matin la maman y avait mis quelque ligne et qu’elle n’espérais pas que tu aille bien loin aussi me tardait il de recevoir d’autres nouvelles ; j’espère que vous n’attendrez pas trop pour la faire baptiser que veux tu puisque Dieu n’a pas voulu que je me trouve auprès de toi pour la naissance de notre petite fille faites comme si j’y étais et espérons qu’un beau jour viendra ou cette maudite guerre se finira et que nous pourrons nous retrouver réunis comme nous l’étions par le passé et en attendant ayons toujours confiance au bon Dieu et prions le toujours bien afin qu’il ait pitié de nous et qu’il nous préserve de malheur.

Je termine ma chérie espérant recevoir d’autres détails aujourd’hui reçois ma chérie et bien aimée ainsi que nos deux petites filles les plus doux baisers de celui qui vous aime toujours bien et penses souvent à vous

André Doche

Mille baisers au papa et à la maman ainsi qu’aux grands parents tante Blanche et tonton Léon et sa famille encore mille millions de baisers de ton chéri Dédé qui ne t’oubliera jamais et t’aime bien. André Doche"

 

(Maffrecourt) Dimanche 28-3-15 : 11h

"Ma bien aimée Je continue ma lettre que je t’avais commencé hier au soir et que je n’avais pas pu terminé je pensais ma chérie la finir ce matin pour qu’elle puisse partir aujourd’hui mais figure toi que ce matin je me suis réveillé juste au son de la cloche qui annoncé la première messe et comme je voulais aller me confesser pour faire mes Pâques je n’ai pas mis le temps d’écrire, donc je suis allé à la première messe ou j’ai fait mes Pâques car j’aime mieux avoir fait comme ça que d’avoir attendu à Dimanche prochain car on ne sais pas ce qui peux arriver et ça ne m’empêchera pas si je le puis d’y revenir Dimanche la première messe était à 7h et demie mais tu peux penser qu’elle n’a pas commencé à l’heure car je n’étais pas le seul pour faire la communion ce qui l’a beaucoup allongé et la grand messe qui a eu lieu un moment après et j’ai voulu y assister aussi je n’ai pas eu le temps de t’écrire mais j’espère que tu voudras me pardonner si je ne t’en ai pas envoyer d’ aujourd’hui. Tu vois que je n’ai pas perdu mon temps je t’assure que je t’écris toute les fois que je le puis car je sais trop par moi-même que l’on est trop content d’avoir des nouvelles.

Ma chérie je te mets un petit morceau de rameau dans la lettre il a été béni à la messe je pensais tout en étant à la messe. Ce n’est plus les rameaux de l’année dernière ou nous étions allé ensemble à Margueron et je t’assure que j’avais le cœur gros en pensant à ces beaux jours qui sont malheureusement trop loin ; Enfin espérons toujours en la protection du bon Dieu et à sa bonté et demandons lui toujours de vouloir bien avoir pitié de nous et nous protéger dans l’avenir comme il l’a fait jusqu’à présent.

Tu as eu une bonne idée en pensant à numéroter tes lettres c’est le mieux pour voir si elles arrivent toutes et bien moi je vais faire la même chose. Ma chérie tu me dis sur ta lettre que le papa et la maman sont allés à Sainte Foy pour le 20 mars et qu’ils ont acheté un petit cochon à ce que je vois ils ne sont pas bon marchés et c’est presque tout pareil tu me dis aussi que vous avez acheté une vache mais tu ne me dis pas si vous avez vendu l’autre ; je te remercie de toutes ces petites explications que tu me donne je t’assure que tu me fait bien plaisir car je suis heureux de savoir ce qui ce passe quoique je ne sois pas là, je vois avec plaisir que vous n’êtes pas trop en retards pour les travaux mais comme tu dis la maman a bien raison de dire que c’est bien malheureux vous autres tant travailler et nous être a s’ennuyer et pas grandchose à faire je t’assure que j’aimerai bien mieux travailler comme nous le faisions tous ensemble que d’être là tout seul à rien faire la vie serait bien plus heureuse pour nous, enfin espérons toujours en la bonté de Dieu et espérons que ces beaux jours reviendrons pour nous. Chère aimée tu me dis que le tonton trouve du changement à sa nouvelle vie et encore il n’a rien vu puisqu’il peux aller manger à l’hôtel mais ce n’est pas comme nous car depuis 8 mois nous n’avons point d’hôtel et il faut se résigner à manger ce qu’il y a encore bien content quoique des fois ce ne soit pas toujours très propre heureusement que la saleté ne tue pas et quand on a faim on ne regarde pas de si prés, si il avait été obligé comme nous pendant notre retraite de Belgique de rester plusieurs jours sans avoir de pain il aurait bien trouvé le morceau de bidoche qu’il voit nager dans la gamelle qu’il était bon, mais que veux tu il est nouveau dans le métier et il finira bien par s’y faire ; je ne lui souhaite qu’une chose c’est qu’il n’ai pas besoin de venir dans les tranchées. Hier j’ai donné le bonjour de ta part à Maurice Pérou allors il m’a dit tu lui donneras aussi un bonjour pour moi. Tu me demande si nous avons la soupe grasse figure toi la soupe grasse que c’est un morceau de viande dans une marmite sans aucun légume car des légumes il y a longtemps qu’on en a pas vu. Ca change avec les soupes grasses que tu faisais jadis, quand est ce que nous pourrons la manger ensemble. Ici le temps est revenu au beau depuis plusieurs jours mais il fait un vent de l’est très froid et ce matin je me disais quel beau temps si j’étais chez nous j’irai à la messe avec ma petite Lili et peut être aussi avec nos petits enfants quoique le vent soit bien froid mais tout au moins avec notre petite Denise, mais malheureusement la distance est trop grande pour nous.

Dans l’attente de ce beau jour si Dieu le permet reçois ma chérie et bien aimée ainsi que notre petite Denise et notre petite Marcelle les plus doux baisers de votre chéri qui ne cesse de penser à vous et vous aime toujours bien. André Doche

(...) Encore mille millions de baisers de ton petit Dédé qui t’aime toujours bien et ne t’oublie pas et à qui il tarde bien de revenir auprès de toi.
André Doche

Je vais aller aux Vêpres prier le bon dieu pour qu’il ait pitié de nous- encore un baiser"

15/05/1915 : attaque allemande vers Ville Sur Tourbe et contre-attaque française.

01/05 au 12/08/1915 : retrait du front et transport vers Saint Ménéhould puis Villers-Cotterêts ; repos vers Pierrefonds.

Nommé Caporal le 04/06/1915
14-16/06/1915 : transport vers Hangest-sur-somme puis Warluzel ; repos et instruction.
05-22/07/1915 : mouvement vers Orville ; repos. Transport dans la région d’Ay ; repos et instruction. Transport vers Courtisols, puis Valmy ; repos.
12/08 au 25/09/1915 : mouvement vers le front puis occupation d’un secteur entre l’Aisne et Ville–sur-Tourbe, déplacé à gauche, le 31 août vers Ville-sur-Tourbe et Massiges.

Engagé dans la 2ème bataille de Champagne violentes attaques françaises vers Ville-sur–Tourbe et Massiges.


Maffrécourt le 17 septembre 1915 : 7h du soir

"Ma chère petite amie Encore aujourd’hui je n’ai point eu de tes nouvelles, aussi je t’assure qu’il me tarde beaucoup d’être à demain pour voir si j’en ai une, car je t’assure que je trouve le temps long lorsque je n’ai pas de tes nouvelles car je suis si heureux de pouvoir lire tes aimables paroles oh ma chérie quand donc le beau jour de la libération sonnera t’il pour nous afin que nous ayons le bonheur de pouvoir nous causer sans que nous ayons besoin d’attendre que le facteur apporte une lettre, oh ma chérie si tu savais comme j’attends ce jour avec impatience, et quand est ce qu’il arrivera ? Ma chérie prie toujours bien le bon Dieu pour qu’il me préserve pendant le reste de cette campagne comme il l’a fait jusqu’ a présent.

Ma chérie c’est ce soir que nous aurions du partir aux tranchée, car voila 6 jours que nous sommes au repos et nous ne partons que demain soir, cela me fait prévoir que quelque chose va se passer pendant notre séjour aux tranchées, et d’après tout les préparatifs qui sont fait je prévois quelque chose de terrible et peut être ma chérie lorsque tu recevras cette lettre seront nous en prise. aussi ma chérie dans cette semaine ne m’oubli pas je t’en supplie. Je te promets ma chérie de t’écrire tous les jours si cela m’est possible jusqu'à l’attaque et ensuite je ne sais comment cela va marcher-on espère aller de l’avant il faut espérer que ça réussisse et que tout cela finisse.

Je te quitte ma chérie dans l’espoir que ma lettre te trouveras toujours en bonne santé ainsi que toute la famille. Reçois ma chérie et bien aimée ainsi que nos petites filles les plus doux baisers de votre chérie qui ne vous oublie pas et vous aime toujours bien, et qui vous demande de bien prier pour lui. A Doche

Mille baisers au papa et a la maman sans oublier les grands parents ainsi que les tantes qui sont avec vous. Adieu non amour mon chérie adorée. Encore mille millions de baisers de ton petit dédé pour la vie. A Doche"

Très émouvante dernière lettre (en partie illisible) écrite 2 jours avant sa mort sur une lettre qu’il avait reçue peu avant de sa femme Faugérie :

Les Eyriauds le 18 septembre :

"Mon cher André

de St Foy je t’envoie 20 frs. Je n’ai pas pu t’écrire avant de partir, nous sommes en bonne santé et je désire que tu sois de même hier j’ai reçu une lettre
de toi. Je te quitte adieu chéri amour milles baisers ta Lili chérie pour la vie.
Doche Faugérie"


Poste des tranchées le 23-9-15 : 10h matin

"Ma chère petite femme adorée

Hier je n’ai point eu de lettre de toi et moi ma chérie je n’ai pu t’écrire mais ce matin j’ai reçu ta lettre avec le mandat je vous remercie. Ma chérie j’espère que tu me pardonneras de ne t’avoir pas écrit hier figure toi que j’ai eu beaucoup de travail pour la pose de lignes qui doivent servir à l’attaque et ce matin je n’ai pas vu partir la personne qui est descendu à Ville Sur Tourbe autrement je pensais te faire au moins une carte mais je dormais encore quand il est parti et voilà pourquoi je ne l’ai point vu. Ma chérie voilà l’attaque qui arrive le bombardement est commencé depuis hier matin je t’assure que tu ne peux pas te figurer ce qui s’emploie comme obus, je te dirai même que la tête en fait mal et dire que ce n’est pas encore fini, le bombardement va durer encore 1 où 2 jours avant de commencer attaquer aussi ma chérie je me demande qu’est ce que ça va être, oh ma chérie lorsque tu recevras cette lettre nous serons en pleine bataille aussi ma chérie plus que jamais pense à moi et prie le bon Dieu pour moi pour qu’il me protège c’est la seule confiance que nous pouvons avoir… (Partie illisible) Mon amour prie bien pour moi et la volonté du bon Dieu embrasse bien mes petites filles pour moi adieu amour chérie ma bien aimée mon amour mille millions de baisers de celui qui ne t’oublie pas. A Doche

Mille baisers au papa et à la maman sans oublier les grands-parents. Adieu"

Le 25/09/1915, sortant de la tranchée de l'Ouvrage Pruneau, le 2e bataillon atteint le haut de la butte sous le feu des allemands. Le 1er bataillon est en grande partie fauché par les tirs de mitrailleuses.

André DOCHE disparaît au combat...Il laisse une veuve et deux orphelines.

Comme nombre de ses frères d'arme, il a pris soin de rédiger SES DERNIERES VOLONTES :

"Celui qui retrouvera ce papier voudra bien le remettre à l’adresse qui est portée la dessus. Ce sont les dernières volonté d’un mari 1er je demande s’il est possible que je sois enterré de manière que l’on puisse reconnaitre l’emplacement. 2ieme Celui qui trouvera le papier sur moi, voudra bien donner toutes les indications possibles à ma femme sur mon sort et l’endroit ou je serai ensevelit.

Maintenant ma dernière pensée sera pour Dieu en qui j’ai mis toujours toute ma confiance et qu’il veuille bien me recevoir dans son sein, pour ma femme et mes chers petits enfants que j’aime bien et mon seul désir c’est que je sois pas oublié d’eux auprès de Dieu.

Voir au verso pour les adresses

Voici mon adresse : André Doche Caporal téléphoniste 3iéme Régt Colonial – secteur 14

Voici l’adresse de ma femme : Madame Doche André aux Eyriaud Cne de Margueron Par Ste Foy la Grande Gironde."

Porté disparu, une fiche de recherche CICR (Croix Rouge) est ouverte : a-t'il été fait prisonnier ?

Sa veuve écrit à un compagnon de guerre pour savoir comment son mari est tombé. Nul ne sait ce qu'elle a appris...

Le 3e RIC est cruellement frappé le 23/02/1916 par le naufrage du "Provence II" qui transporte ses troupes à Salonique. Torpillé, il "sombre en 17 minutes, faisant 912 victimes, dont le commandant qui avait demandé qu'on débarque 1 100 personnes en raison du manque de brassières de sauvetage."(Wikipédia) 

A cette occasion, Faugérie prend des nouvelles d'un frère d'arme qui lui répond :

"Je vous remercie beaucoup de la peine que vous venez de vous donner, en demandant chez moi si parfois je ne fut pas parmi les victimes de la Provence mais heureusement pour moi je fus pas parmi ses pauvres camarades, cela est triste après avoir combattu sur le champ de bataille français et venir finir ses jours au fond de la mer. Cela est très dur aussi nous avons 900 hommes de sombrés".

André DOCHE ne sera déclaré décédé qu'en 1920, une fois les prisonniers rentrés.

Citation : " Brave caporal. A trouvé une mort glorieuse, le 25 septembre 1915, en montant vaillamment en tête de son escouade, à l'assaut des positions ennemies à Ville-sur-Tourbe.

Croix de guerre avec étoile d'argent."

 

Son corps ne sera retrouvé que bien plus tard (probablement au moment de la remise en culture des champs), et inhumé à la Nécropole du Pont du Marson, tombe n° 7248.

Faugérie Doche ne se remariera jamais et élèvera seule ses deux filles. Elle est décédée le 21/12/1989 à l’âge de 97 ans.

"Il y a une quinzaine d’années, Sylvain, l’ainé des garçons de sa plus jeune fille (Marcelle) et sa femme Yvette, sont allés se recueillir sur la tombe de leur grand-père à la nécropole nationale de Minaucourt-Le Mesnil-Les Hurlus

En 2016, Jean Louis, son plus jeune fils, et moi-même (Nicole) sommes allés, à notre tour, nous recueillir sur sa tombe.

En 2017 nous avons décidé de faire un pélerinage de 3 jours en famille Sylvain, Yvette, Dany, Jean-Louis et moi-même voir les principaux lieux ou il est passé (dont Rossignol en Belgique).

Merci aux membres de l’association de la main de Massiges qui œuvrent pour que la mémoire de nos soldats perdure et particulièrement à M Jean-Pierre Mainsant qui nous a fait visiter les tranchées et nous a emmené sur le lieu où est mort notre aïeul. Nicole Chassagne, sa petite-fille par alliance"

Monument Aux Morts de Margueron où le nom d'André Doche est inscrit

"Nous avons eu l'intense émotion en ce début d'année de recevoir des nouvelles lettres de notre grand père retrouvées dans les archives de sa fille aînée par ses enfants . Dont une, en réponse à la lettre où il a appris la naissance de notre maman et une autre où il écrit ses dernières volontés."

(Avec l'aimable autorisation de Mme Nicole Chassagne, sa petite-fille)


 


MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE entre le 25 et le 29/09/1915

Commandant Henri Joseph Claude RAUDOT d' ORBIGNY, 45 ans

Pontaubert, YONNE

Chef de Bataillon du 3e RIC

Officier des Troupes Coloniales. Campagnes du Soudan, Sénégal, Madagascar, Comores, Indochine. Officier de la Légion d’Honneur, croix de guerre avec palmes ; plusieurs citations.

Né le 15/07/1870, fils de Georges Claude et de Suzanne Delacour ; classe 1890, matricule 1226 au recrutement d' Auxerre.

1m55, cheveux chatain-clair, yeux gris-bleus ("magnifiques, paraît-il"), front ordinaire, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale. "Il porta la barbe à la suite d’une balafre" (François Raudot de Châtenay, son petit-fils)

- Elève de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr (28/10/1891), Sous-lieutenant au 7è rgt d’Infanterie de Marine (01/10/1893).


- Affecté au Régiment de tirailleurs soudanais (en service au Soudan du 20/10/1894 au 03/07/1896, 1 an et 8 mois), nommé Lieutenant de 2è classe (01/10/1895). Il est en garnison à Ségou (actuel Mali).
- Affecté au 2è rgt d’Infanterie de Marine (24/06/1896).
- A la disposition du général en chef commandant à Madagascar, le général Galliéni (26/02/1898). (en service du 10/04/1898 au 12/07/1900, 2 ans et 3 mois). Affecté en mai au Régiment Colonial, 3ème Cie sénégalaise, manque se noyer en regagnant sa première affectation (le port de Benjavily, sur la côte Ouest, déjà relevé) ; finalement occupe le poste isolé de Bekopaka, par Majunga, en pays Ménabé, peuplé de Sakalaves hostiles. Nommé Lieutenant de 1ère classe (01/10/1898). Etat-Major H.C. à Madagascar (15/05/1899), officier de renseignement à Benjavily en juin (sur recommandation du Colonel Serrillon) ; participe à la colonne du Bémahara (30 juillet), mais est victime d’une tendinite (septembre). Nommé fin février 1900 à Ankadibé.
- Affecté au 6è rgt d’Infanterie de Marine (23/06/1900) ; Nommé capitaine le 01/07/1900.
- A la disposition du général en chef à Madagascar (04/12/1901) (en poste à Madagascar, du 25/12/1901 au 25/03/1904, 2 ans et 3 mois). Affecté au 3è rgt de Tirailleurs Sénégalais en janv. 1902, part en mission d’exploration (2500 km) le 25 janvier pour tracer la route de Majunga à Maevatanana, puis nommé en mars Cdt. du cercle d’Analalava (14ème Cie), en poste à Andramosamouta ( ?), en avril-mai, puis à Majunga (septembre).
- Chevalier de l’Etoile d’Anjouan (décis. pdtielle du 31/07/1903) ; - Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 31/05/1904. Ses services aux Comores en 1903 ne sont malheureusement pas connus.
- Affecté au 3e RIC (07/03/1904 au 25/03/1905).
- Désigné pour servir au Tonkin (24/10/1905) ; guerre du Tonkin au 4è Tonkinois (15/11/1905 au 04/02/1908, 2 ans et 2 mois) ; en garnison à la 3ème Cie à Nam Dinh (ville importante à 100 km au S-O d’Hanoï). Vers le 13/01/1906, il attrape la rage ; soigné tardivement, il est sauvé de justesse.
- Affecté au 2e RIC (01/01/1908), puis au 7e RIC (25/05/1908) ; marié le 10/02/1909 à Marie Berthe Genet de Châtenay (fille d'Alexandre, écuyer, conseiller général et député de l'Oise, et de Louise Descantons de Montblanc, baronne d'Ingelmunster), née en 1874, +e Paris (16è) le 01/01/1920. Naissance de Jacques le 31/07/1910.
- Guerre de Cochinchine, affecté au 11e RIC (du 30/11/1910 au 29/04/1913, 2 ans et 5 mois), lieu de garnison ignoré ; nous croyons qu’il fut accompagné par son épouse : pas de correspondance connue.
- puis affecté au 3e RIC (29/03/1913). Naissance de Bernard en décembre 1913.


- Embarqué pour Madagascar avec sa famille, il apprend à Aden la déclaration de guerre avec l’Allemagne, et choisit de retourner en France.
- Guerre Franco-Allemande (2 août 1914) ; promu Chef de bataillon le 23/09/1914, il est cité à l’ordre du 3e RIC le 06/03/1915.

Citations et décorations :

 

La 3e Division de l'Infanterie Coloniale est engagé dans la Grande Offensive de Septembre 1915 : elle dispose de ses deux brigades, la 3e à droite (7e et 3e RIC), la 5e à gauche (21e et 23e RIC). Carte ci-dessous.

Sur le front de la division, la première position allemande était très fortement organisée sur les deux ailes ; à la Briqueterie d'une part, contre la route de Ville sur Tourbe, et sur la côte 191 d'autre part, à l'extrémité sud de la Main de Massiges.

L'ensemble des tranchées était protégé par d'épais réseaux de fils de fer barbelés flanqués par de nombreuses mitrailleuses bien abritées. Les défenseurs, qui représentaient l'élite des troupes du Kronprinz, avaient reçu l'ordre de tenir coûte que coûte.

A la fin de la préparation d'artillerie, le Génie avait fait exploser 24 fourneaux de mine au nord de l'ouvrage Pruneau. En ce début de matin du 25 septembre, la destruction des réseaux ennemis semble plus complète sur le front de la 5e Brigade que sur le front de la 3e (7e et 3e RIC commandé par le Lieutenant Colonel CONDAMY).

Le 24 septembre au soir, le commandant POSTH (1er bataillon) réunit ses compagnies avant la mise en place dans la tranchée de départ. En quelques mots, il dit à ses hommes ce que la Patrie attend d'eux, comment et pourquoi ils vont se battre.

Puis un commandement bref : "Présentez, Armes".

Le commandant porte la main à son casque et, d'une voix haute :

"Je salue ceux d'entre vous qui mourront demain".

Le lendemain matin, le commandant POSTH, une des premières victimes du 3e Colonial, tombait frappé d'une balle au front.

Le 25 septembre à 6 heures, le 2e bataillon (Commandant RAUDOT) occupe la face Nord-Ouest de l'ouvrage Pruneau. Il reçoit comme ordre de tenir les tranchées de l'ouvrage pendant l'attaque. Il formera une troisième vague d'assaut, si besoin est.

Les 1er et 3e bataillons accolés forment les 2 premières vagues. Ils ont pour objectifs, le 1er la Justice, le 3e le petit bois de l'Oreille, au Nord-Est de 191. Ils doivent pousser ensuite, si possible, jusqu'à la Dormoise.

Dès le signal de l'attaque donné à 9h15, les hommes bondissent hors des tranchées.

D'un seul mouvement, les 120 000 hommes des IIe et IVe armées s'arrachent à la boue crayeuse et se retrouvent , presqu'au coude à coude, à découvert, sur ce terrain crevé de trous d'obus qui leur semble subitement inconnu. A perte de vue, les vagues d'assaut de nos fantassins se dirigent vers les tranchées ennemies. Un feu terrible les accueille presque au débouché de la parallèle."

"Les Français attaquaient en trois vagues et, en de nombreux points, en cinq épaisse vagues d'assaut, tous habillés de neuf en uniforme bleu clair et casque d'acier. Les officiers, en tête, parfois l'épée au clair. C'était un travail facile pour nos mitrailleuses et notre artillerie" (Historique du 80e RIR)

"Malgré la destruction très incomplète des réseaux, les vagues d'assaut du 3e RIC prennent pied dans les premières tranchées allemandes au prix de très lourds sacrifices.

Le lieutenant-Colonel CONDAMY sort avec la deuxième vague. Il a avec lui son adjoint, le Capitaine Marec, l'Adjudant Faucher et ses agents de liaison. Il arrive jusqu'à la tranchée ennemie et s'y jette au moment où une violente contre-attaque ennemie débouche sur cette position.

"Donnez moi un fusil" demande le Colonel aux soldats qui l'entourent. On lui en passe un.

Il prend place au parapet et ouvre le feu. Mais à peine a-t-il commencé à tirer qu'il reçoit une balle dans la bouche et tombe inanimé au fond de la tranchée. Le Colonel meurt dans les bras de son officier adjoint tandis que l' adjudant Faucher s'effrondre à son tour, frappé au coeur d'une balle.

Le 1er bataillon est en grande partie fauché par les tirs de mitrailleuses.

La 3ème vague (bataillon RAUDOT) renforce les restes du 1er bataillon ; elle parvient à la première tranchée allemande et s'y maintient au prix de lourds sacrifices. Le chef de bataillon RAUDOT, à son tour, est mortellement blessé.

Vers la gauche, le 3e bataillon est plus heureux ; il enlève une partie de la 2ème tranchée à l'Est de 191 et peut s'y maintenir en assurant la liaison avec le 21e RIC ;

Les Allemands, très en force, contre-attaquent à nouveau sur la droite du 3e RIC et parviennent à réoccuper leur première ligne entre l'ouvrage Pruneau et la route de Cernay".

("Les Coloniaux à l'attaque de la Main de Massiges en Septembre-Octobre 1915", Colonel RIGAL Hubert)

Tombé à la tête de son bataillon le 25/09/1915, Henri RAUDOT reçoit une citation posthume et la Croix de Guerre avec palmes.

Sa malle, restituée à son épouse

Déclaré disparu dans un premier temps, sa veuve confirme le 21/11/1915 son décès au CICR (Croix Rouge). Le 31/12/1915, son décès est fixé définitivement par jugement au 25/09/1915.

(courrier du CIDR)

Selon son vœu, le Commandant Henri Raudot a été inhumé au milieu de ses hommes. Il repose à la Nécropole militaire du Pont de Marson, tombe n° 7737, aux côtés du Commandant POSTH, Chef du 1er Bataillon, fauché au même moment.

"Sa veuve étant morte en 1920, leurs 3 enfants sont recueillis et élevés par leur tante Henriette Genêt de Châtenay, veuve du vicomte Henri de Marcé. Adoptés par jugement du tribunal d’instance d’Avallon, à la majorité de la dernière d’entre eux (avril 1936), ils prennent alors le nom de Raudot Genêt de Chatenay.
Amateur d’armes, Henri Raudot a acquis de belles panoplies sur les marchés du Sénégal et de Madagascar, et ramené des meubles du Tonkin. Auteur d’un Rapport d’Inspection générale sur le Soudan (avril 1895), il a laissé une intéressante correspondance (67 lettres) évoquant la vie coloniale, principalement du Soudan et de Madagascar, enfin du Tonkin. Il a pris également de nombreuses photographies (sur plaques de verre).

La guerre a repris 20 ans après, les deux fils du Commandant Raudot, Officiers de reconnaissance divisionnaire en 1940, se sont battus. Mon père encerclé a été fait prisonnier en combattant, lui et son peloton à court de cartouches. Après une tentative d'évasion, il est resté prisonnier 5 ans.

Son frère a été tué en combattant et criant "ils ne m'auront pas vivant", mais la famille (il n'y avait plus que des femmes) a cru qu'il s'en était sorti et qu'il était en Afrique ou en Angleterre. Sa mort n'a été connue que plus d'un an après". (François Raudot de Châtenay, son petit-fils)

Champ de bataille depuis l'emplacement Nord de l'Ouvrage Pruneau. Au loin, l'Arbre aux Vaches et la côte 191.

(Avec l'aimable autorisation de François - Officier de réserve au 13e Dragon parachutiste - et Jean Raudot de Châtenay qui ont rédigé la biographie de leur grand-père)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE le 25/09/1915
Georges PANCOL
Villars-en-Pons, CHARENTE-INFERIEURE
Lieutenant au 3e RIC, 4e Cie

Né le 07/06/1888, fils de Jean Emile et de Alice Aurélie Verneuil ; 1 sœur Lilie et un frère Louis avec lesquels il a échangé beaucoup de courriers ainsi qu’avec ses parents.
Classe 1908, matricule 2321 au recrutement de Bordeaux
Profession : Etudiant à l’Ecole Coloniale où il sera reçu premier ; écrivain
Licencié ès Lettres en 1906, licencié en Droit en 1908
1,66m, cheveux blonds, yeux verts, nez pointu


Engagé volontaire pour 3 ans le 21/03/1905, Engagé Spécial à Bordeaux le 07/10/1907
Nommé Caporal le 11/03/1908, Elève Officier de réserve le 01/10/1908
Promu Lieutenant de réserve le 29/09/1909

Fiancé à une jeune Anglaise Winnie rencontrée en 1911 en Angleterre.

Parti pour Hanoï (Indochine) en novembre 1913
Passé au 1er Régiment de Tirailleurs Tonkinois à Hanoï le 19/02/1914


A la déclaration de la guerre, il demande de rentrer pour participer au sacrifice commun
Affecté le 08/08/1914 au 10e RIC comme Sous-Lieutenant
Nommé Lieutenant le 09/09/1914
Passé au 3e RIC par suite de la suppression du 10e RIC le 12/12/1914

3 jours avant sa mort, il écrit à Winnie :

La veille de sa mort, à un ami :


Citation : "Tué glorieusement le 25/09/1915 en entrainant sa Compagnie à l’assaut des tranchées Allemandes devant Ville-sur-Tourbe".

Primo-inhumé au Cimetière Militaire de Virginy, il est transféré en 1923 à la Nécropole Nationale
du Pont de Marson tombe n°4060


(Merci à Mr Pierre SAVIN, adhérent de l’Association)





MORT POUR LA FRANCE à VILLE-SUR-TOURBE le 25/09/1915
Gilbert Eugène FAVREAU, 32 ans
Vouillé-les-Marais, VENDEE

(Avec son épouse en 1912)


Né le 13/03/1883, fils de Gilbert et de Marie Angibaud ; Classe 1903, matricule 1475 au recrutement de Fontenay-le-Comte.
Profession : Propriétaire
1,79m, cheveux bruns, yeux roux

Incorporé le 16/11/1904 au 137e RI, soldat Musicien le 21/05/1905

A épousé en 1912 Ernestine Maria Priouzeau : 2 enfants, Gilbert et Eugénie.
La même année, a pris par acte en fermage la Cabane de l’Aventure appartenant à Mr le Vicomte de Pomereu.


Mobilisé au 3e RIC le 02/08/1914, Gilbert Favreau est porté disparu au combat du 25/09/1915 lors de la Grande Offensive de Septembre.

La découverte de son corps-probablement dans les mois qui suivent-permet de dresser l'acte de décès.

Inhumé à La Nécropole du Pont de Marson, tombe n°3185

(Avec l’autorisation de Mr Pierre SAVIN son petit-fils, adhérent de notre Association, en visite à Massiges en Septembre 2015)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VIRGINY le 25/09/1915
Gabriel Aimé BOURBON, 34 ans
Scorbé-Clairvaux, VIENNE
Sergent au 3e RIC

Né le 19/06/1881, fils de Sincère et de Alphéna Menoux ; 1 frère et 1 sœur.
Classe 1901, matricule 36 au recrutement de Chatellerault
Profession : Agriculteur
1,62m, cheveux châtains, yeux marron
Marques particulières : Tatouage sur l’avant bras gauche en avant.

Engagé Volontaire pour 3 ans le 03/04/1900 pour le 4e RIC
Passé au 3e Bataillon de marche d’Extrême Orient le 04/07/1900
Passé au 16e RI de Marine le 01/10/1900, puis au 8e RIC le 24/05/1901
Soldat de 1ère Classe le 16/07/1902
Rengagé pour 2 ans le 17/11/1902, passé au 11e RIC le 02/01/1903
Nommé Caporal le 29/04/1903
Passé au 12e RIC le 01/07/1904
Rengagé pour 1 an le 17/12/1904 et pour 5 ans le 05/09/1905
Passé au 7e RIC le 07/02/1906, puis au 16e RIC le 30/09/1909
Rengagé pour 4 ans le 26/01/1911
Nommé Sergent le 01/04/1912
Passé au 6e RIC le 01/12/1912

A épousé en 1913 Armance Ferger : pas d' enfant
Passé au Bataillon du Moyen Congo le 23/01/1914, puis au 3e RIC le 28/06/1914

Tué à l’ennemi le 25/09/1915 à Virginy
Inhumé à la Nécropole du Pont de Marson à Minaucourt tombe n°4422
Médaille Commémorative de l’Expédition de Chine 1900-1901


(avec l’aimable autorisation de Mr Christian Pouffarin, son petit-neveu)

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 25/09/1915

François TEPHANY 3e RIC, 24 ans

Camaret sur Mer, FINISTERE

Né le 15/12/1890, fils d' Auguste (marin cultivateur) et de Véronique Le Goff ; 1 frère jumeau Pierre (père de Gisèle Collombat), 1 frère Auguste, MPLF

Classe 1910, matricule 3422 au recrutement de BREST.

Le 25/09/1915, François Téphany est tué.

"le 3e RIC de Rochefort attaque la Main de Massiges sous un déluge de feu ; des 48 morts de la Presqu'île de Crozon, 25 servent dans les régiments coloniaux auxquels, au prix de lourdes hécatombes, le commandement demande d'enfoncer la 1ère ligne de défense allemande (Ferme de Navarin, Butte de Souain, Massiges)

Ces troupes d'élite, victimes de leur héroisme, sont sacrifiées à "une conception périmée de la guerre", qui, en ce mois de septembre 1915, privilégie encore l'offensive à tout prix, sans avoir bien mesuré la capacité défensive de l'ennemi. Après le désastreux grignotage de l'hiver 1915, sans réel avantage sur le terrain, la seconde offensive de Champagne a décimé, faute de clairvoyance, les troupes de choc et les régiments d'infanterie". (Revue de la Presqu'île de Crozon : Avel Gornog n° 16, 2008)

Inhumé à la Nécropole militaire du Pont du Marson, tombe n° 274

(Avec l'aimable autorisation de Mme Gisèle Collombat née Tephany, sa nièce : "Tant que nous penserons à eux ils seront toujours vivants dans nos coeurs")

 

 

Combats de MASSIGES de Septembre 1915

Jean Norbert GOURG, Sergent téléphoniste du 3e RIC

La Barp, GIRONDE

Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant dans le secteur de Massiges.

Grâce à l'aide de Maïté du G.E.G33 et des Mairies de Le Barp et de Salles, Annie a retrouvé ses 2 PETITES-FILLES.

"C’est effectivement un souvenir précieux – Grand-Père Norbert est décédé en Octobre 1949,  j’avais 10 ans 1 /2 et je me souviens très bien de lui - il était gazé et souffrait beaucoup."

Je vous remercie du fond du cœur pour m’avoir envoyé  la petite plaque de grand-Père – j’ ai 3 enfants de 50 à 44 ans qui eux aussi vont admirer cette plaque que cet homme admirable avait sur lui – sa fille  ( maman ) D. c . d   depuis 8  ans – aurait été si heureuse – elle vénérait  son papa - grâce a des gens comme vous.

La Main de Massiges nous permet de retrouver ces trésors – je vous embrasse et vous dit merci à tous".

(Maryse Hazera Castro, sa petite-fille)

Né le 26/12/1892, fils de Jean et de Marie Lanuc ; classe 1912, matricule 951 au recrutement de Bordeaux.

Profession : cultivateur ; 1,67 m 

Blessé le 23/08/1914 à Charleroi : "épaule traversée par une balle"

Passé au 3e RIC en 1915 (présent à Massiges, côte 191)

1ere CITATION (Naufrage de la "Provence")

2e CITATION

Croix de Guerre, Etoile de Bronze, Médaille Militaire

Passe au 65e Bataillon de Sénégalais, 74e Bataillon de Sénégalais, puis au 28e Bataillon de Sénégalais

Promu Sergent en juin 1918

En 1920, Il épouse à Salles Lucie Pujurneau ; 2 filles Marie Eugénie et Marie.


(Avec l'aimable autorisation de Maryse Hazera Castro, sa petite-fille)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VIRGINY le 25/09/1915

Joseph CALLOCH 3e RIC, 37 ans

Groix, MORBIHAN

Né le 23/03/1878, fils de Joseph et Marie Vaillant ; classe 1898, matricule 665 au recrutement de Lorient.

Profession : marin

De son union en 1905 avec Thérèse Tonnerre, naîtront 5 enfants : Théotiste, Marie, Jean-Baptiste, Jeanne et Joseph (né en 1915)

Affecté au 3e RIC le 12/12/1914.

Tué à l'ennemi le 20/11/1915 à Virginy, il est primo-inhumé dans le cimetière militaire de la propriété Varoquier à Virginy, tombe 817.

Un nouveau jugement de décès sera rendu en 1922, établissant la date de son décès au 25/09/1915...

(Avec l'aimable autorisation de Loic Calloch, son petit-fils)

 

 

(Combats de Beauséjour de Février 1915)

DISPARU MPLF à Suippes le 29/09/1915
Pierre dit Adrien BADET
Laluque, LANDES
3e RIC

Né le 29/12/1895, fils de Jean et de Marie Dupuy ; 1 soeur et 1 frère.
Classe 1915, matricule 1581 au recrutement de Mont de Marsan
Profession : Maçon
Célibataire
1,61m, cheveux et yeux châtains

Incorporé le 15/12/1914 au 3e RIC, Adrien BADET combat en février 1915 au Fortin de Beauséjour et à Ville-sur-Tourbe en mai.
Passé le 01/05/1915 au 2e RIC


Tué à l’ennemi à Suippes le 29/09/1915

Croix de Guerre avec Etoile de Bronze
Secours de 150 Frs accordé à Mr Badet père le 30/01/1916

(avec l’aimable autorisation de Mr Philippe Dupouy, son petit-neveu)

 

 

DISPARU MPLF à la Main de Massiges le 20/10/1915

Marcel GAUTREAU, 25 ans

Louin, DEUX SEVRES

 

Né le 19/07/1890, fils de et ; classe 1911, matricule 3026 au recrutement de Parthény

Profession

 

 


MORT POUR LA FRANCE au Nord del a ferme de Beauséjour le 20/12/1914
Louis dit Abel CASTILLON, 29 ans
Herm puis Magescq, LANDES
33e RIC, 1er Bataillon, 14e Cie

Né le 22/04/1885, fils de Vincent Castillon et Marie Puyobreau ; classe 1905, matricule 1977 au recrutement de Bayonne.
Profession : Résinier
1,69m, cheveux noirs, yeus châtains

A épousé à Magescq en 1913 Marguerite Courau

Mobilisé le 03/08/1914 au 33e RIC, régiment de réserve du 3e RIC

Dès le 20/10/1914, il tient les secteurs de Virginy, Minaucourt et Massiges, où il prend une part brillante aux affaires de Minaucourt (11/11/1914), tranchée du Calvaire (20/12/1914)

La 15e Cie à laquelle appartient Alphonse BERGES vient relever la sienne...

Louis Abel CASTILLON est tué le 20/12/1914 au cours de ces terribles combats :

Probablement inhumé dans une fosse commune, il repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires de la Nécropole Militaire du Pont de Marson.

(avec l’aimable autorisation de Mr David Cavalier)

 

 

DISPARU MPLF au Nord de la ferme de Beauséjour le 20/12/1914
Alphonse BERGEZ (BERGES), 29 ans
Magescq, LANDES
33e RIC, 1er Bataillon, 15e Cie

Né le 27/09/1885, fils de François Bergez et Catherine Prat ; un frère jumeau MPLF en 1916.

Classe 1905, matricule 2220 au recrutement de Bayonne
Profession : Scieur
1,63m, cheveux et yeux noirs

A épousé en 1910 à Magescq Marie Courteau


Rappelé au 3e RIC le 03/08/1914, soldat de 1ère classe
Passé le 07/08/1914 au 33e RIC, régiment de réserve du 3e RIC.

Dès le 20/10/1914, il tient les secteurs de Virginy, Minaucourt et Massiges, où il prend une part brillante aux affaires de Minaucourt (11/11/1914), tranchée du Calvaire (20/12/1914)

Le 20/12/1914, le régiment participe à l'attaque des tranchées allemandes au Nord de la ferme Beauséjour.

Le 1er Bataillon fait partie des troupes d'attaque.

13e et 14e Cies dans les tranchées conjuguées ; 15e et 16e Cies Ravin de Marson

A 9h15 les 13e et 14e Cies (où combat Abel Castillon) enlèvent les tranchées allemandes E et sont remplacées dans les tranchées conjuguée par les 15e et 16e Cies.

Alphonse BERGES ne rentrera pas...

(JMO du 33e RIC)

Le jugement de décès ayant été rendu en 1918 (et non à partir de 1920 pour les disparus), son corps aura été relevé et ré-inhumé dans l'un des ossuaires de la Nécropole militaire du Pont de Marson.

Son frère jumeau Cyprien meurt à son tour à Verdun le 17/05/1916



(avec l’aimable autorisation de Mr Serge Dumartin)


2 compagnons d'infortune tombés ensemble au COL des ABEILLES (MASSIGES) le 28/12/1914

Louis dit Ferdinand CALYBITE et Alexandre DION

33e RIC, 2e Bataillon, 18e Cie

Ravin du Médius, au fond le col des Abeilles / Boyau du Col des Abeilles (Collection Bonnafoux, 1931)


a) Louis dit Ferdinand CALYBITE, 29 ans

Le 27 mars 2016, Marie-Hélène Cressonnier, petite-fille de Louis Calybite, nous écrit pour nous informer de son pèlerinage en juillet à Massiges au terme d'une longue marche de 1 mois ; un nécessaire et beau chemin de mémoire dont elle n'avait pas encore parlé à sa famille !

Mais Louis Calybite n'a pas attendu...

Le 25 mai 2016, Annie retrouve Marie-Thérèse et Rosine, ses 2 autres petites-filles - soeurs de Marie-Hélène - et leur renvoie la plaque d'identité de Louis ! A ce stade, ni Annie ni les 2 soeurs n'ont encore connaissance du courrier et du projet de Marie-Hélène !

Immense a été notre surprise, nous avons pensé que ce soldat avait très envie de rentrer chez lui ! Grâce à cette plaque trouvée par Eric Marchal au Col des Abeilles (Médius), les 3 soeurs vont pouvoir se recueillir à l'endroit même où le combat de leur grand-père a pris fin. Elles ont aussi depuis, appris l'existence d'une grande tante et de cousins...Mais ce soldat, au travers de sa plaque, avait encore un message à nous livrer...

Ce petit rayon de soleil qui éclaire le difficile et éprouvant chemin de mémoire des familles, nous a permis de faire la lumière sur d'autres soldats...
Grâce à cette plaque, nous pouvons localiser précisément le lieu de disparition d' Alexandre DION, son compagnon d'arme : tous deux de la 18e Cie, ils se connaissaient ! Le corps d'Alexandre porté disparu le même jour, a été retrouvé en 1931 ; son alliance restituée à sa veuve. Mais en l'absence du PV d'exhumation, nous n'avions aucune idée du lieu, dernière information qui manquait à ses 2 petits-fils, adhérents et très impliqués dans ces recherches. Nous savons aujourd'hui que Louis et Alexandre sont morts côte à côte.
Nous pouvons aussi ré-ouvrir plusieurs dossiers de soldats du 8e RIC disparus le même jour. C'est ensemble qu'ils sont montés à l'assaut des tranchées de la Verrue ce 28 décembre 1914 : sur 1800 hommes engagés, 1200 ne sont pas rentrés !


Louis dit Ferdinand est né le 17/04/1885 à Misson (Landes), fils de Jean (enfant trouvé dans une paroisse, il a reçu le nom du Saint Jean Calybite) et de Catherine Lalanne ; classe 1905, matricule 1818 au recrutement de Bayonne.
Profession : Cultivateur, viticulteur
1,72m, cheveux noirs, yeux bleus
Soldat de 1ère classe le 08/08/1907

Il épouse le 23/01/1912 Elisabeth Cuilhe (morte de chagrin le 07/04/1919) : leur fille Marie Madeleine naît la même année, est adoptée par la Nation en 1919. Mariée à Paul Cressonnier, ils ont 3 filles Marie-Hélène, Marie-Thérèse et Rosine que nous attendons à Massiges.

Le 03/08/1914, Louis est rappelé au 33e RIC, régiment de réserve du 3e RIC.

Fin décembre, Louis et Alexandre arrivent à Massiges où "La plupart des tranchées étaient bouleversées ; les troupes de première ligne vivaient dans un bourbier ; les bombardements ennemis étaient incessants". (Général Rouquerol, la Main de Massiges)

Le 28 décembre 1914, deux bataillons de la 4e brigade coloniale (8e RIC et 33e RIC) reçoivent l’ordre de conquérir cette hauteur nommée « la Verrue » au nord-ouest de la Côte 191. La préparation d'artillerie, retardée par le mauvais temps, ne peut commencer qu'à 11h30 au lieu de 8h30, heure prévue. Elle est d'ailleurs insuffisante.

"Un bataillon du 8e et un bataillon du 33e colonial sortent de nos tranchées à 12h30".

Sous les ordres du Capitaine Jeux, Louis et Alexandre montent à l'assaut, baionnette au canon !

Le bataillon du 8e, pris sur son flanc gauche par le feu de mitrailleuses intactes, éprouve de lourdes pertes et ne peut avancer : le bataillon du 33e réussit à atteindre les tranchées ennemies et à y prendre pied; mais ayant subi, lui aussi, de grosses pertes, il reçoit, à la tombée de la nuit, l'ordre d'évacuer la position conquise".

1200 officiers et hommes sont hors de combat.



(Extrait du JMO à la date du 28/12/1914)

C'est ce même Capitaine JEUX qui confirme son décès dans cette lettre adressée au père de Louis :

"Il est mort en brave, face à l'ennemi, au moment où la Compagnie chargeait à la baionnette, pour enlever une tranchée allemande."



(Avec l'aimable autorisation de Marie-Hélène, Marie-Thérèse et Rosine Cressonnier, ses petites-filles)

Son corps a été relevé par ses compagnons, et primo-inhumé dans l'un des nombreux cimetières provisoires de la Main. Il repose aujourd'hui dans un ossuaire de la Nécropole militaire du Pont du Marson.

Oublié sur Mémoire Des Hommes, sa fiche a été créée à la demande de Robert Beaufrère, et après validation de l' ONAC. Louis Calybite peut enfin reprendre la place qui est la sienne, auprès de ses 1,4 million frères d'arme Morts Pour La France.

180 000 hommes sont montés aux tranchées de Massiges !

Nous ne les oublions pas.

Marie-Hélène Cressonnier a mis sa plaque d'identité "dans un petit pot où les terres de Misson et de Massiges sont mêlées : terre de son potager, terre du champ de bataille. La terre donne de la paix ; et le ciel, aussi, je me souviens être restée longtemps à regarder les nuages qui passaient au-dessus du col des abeilles. Et considérer que ces terres sont redevenues des champs de blé m'a donné beaucoup de paix...."

 

b) Alexandre Ernest DION, 28 ans, disparaît à ses côtés...

Né le 27 juin 1886 à Sommières du Clain (Vienne) fils de Pierre et Victorine Largeau ; classe 1906, matricule 1154 au recrutement de Poitiers.

Menuisier-charpentier-tonnelier de père en fils, il joue également du piano.

Alexandre épouse Juliette Provost : de cette union naîtront Alexandre, Juliette et Ernest.

Eté 1913 : Alexandre et sa femme avec leur 1er fils Alexandre, né en 1912.

Le 1er août 1914, il est rappelé au 3e RIC (rattaché au 33e RIC son régiment de réserve).

Juliette lui écrit le 14 août :

"tout ce que je demande à Dieu sest que tu reviennes aussitot la guerre finie (...) ton petit cheri parle toujours de son papa il dit Jesus papa et tonton" (le frère d' Alexandre est lui aussi mobilisé)

"(...) enfin mon chéri du courage jespere que tu reviendras avant longtemps tu veras comme ton tresor est polisson tout ce que je lui dit il dit non et puit très bien il joue avec ces poulets il les attrapent facilement pourtant a la maison quand il en a attraper un il sassoit et il lembrasse et puis il veut le mettre dans son petit vagon mais tu penses que se n est pas facile le poulet se sauve mais lui ne se fache pas il recommence toujours la même chose il n y a que quand je les fait sortir qu il y a des pleurs

ta petite Juliette est toujours bien mignone mais elle commence elle aussi a vouloir se faire servire (...) que tu soit a Rochefort (caserne du régiment) ou ailleurs pourvu que tu revienne s est tout ce que je demande j'en ait une grand confiance car je le demande souvent au bon Dieu (...)

Fin décembre 1914, le 33e RIC est engagé dans de violents combats à Massiges.

Le 26 décembre 1914, Alexandre écrit à Juliette enceinte de leur 3ème enfant.

Ce sera sa dernière lettre...

Le 28 décembre 1914, "deux bataillons (8e RIC et 33e RIC) reçoivent l’ordre de conquérir cette hauteur nommée « la Verrue » du fait de sa proéminence sur la Main de Massiges.

Les deux bataillons de Coloniaux se lancent à l’assaut, c’est un échec. Sur un effectif de 1800 hommes engagés, 1200 ne reviendront pas. Les conditions de combat ont été telles, que des prisonniers n’ont pu figurer qu’exceptionnellement dans le chiffre des pertes".

Porté disparu le 28/12/1914, Alexandre DION ne rentrera pas.

Un peu plus de 2 mois après, Juliette accouche de leur 3ème enfant : 1 fils, Ernest.

L' avant-veille, elle a reçu une réponse d' André Clisson, soldat du 33e RIC qu'elle a sollicité pour tenter d'obtenir des nouvelles de son mari :

"moi aussi j'était a la bataille du 28 à Massiges, et cetait terible mais beaucoup de prissonnier : peut-être que votre mari, est prisonier et que on lui interdi de écrire Car il n'y an a beaucoup comme sa a la fin du moi. Je vais aller voir un camarade qui était a la Compagnie de votre mari, et je suis certain quil va me donner il doit surement sans rappeler. Car un cuisinier on ne loublie pas.., madame je prend part a votre peine mais ne vous faite pas des idée noir, avant que la guerre soit fini. Car il y aura surement, des surprises (...)"

Ses enfants Alexandre, Ernest né en mars 1915, et Juliette au pied du même escalier, mais orphelins...(photo prise en 1919 ou 1920)

Leur mère a eu l'immense mérite de les élever seule. La guerre lui aura ravi son époux, son frère Arthur Provost, MPLF le 30/08/1914, et son beau-frère Henri Joli.

Ils ne seront déclarés officiellement veuve et orphelins de guerre, qu'en 1920, une fois tous les prisonniers rentrés. Seul Ernest aura l'opportunité de faire des études musicales (violon et trompette) et de fréquenter les Beaux-Arts.

Avis de décès qui permettait le versement d'une pension

Reconnaissance posthume : Médaille militaire, Croix de guerre avec étoile d'argent

En 1931, son corps est retrouvé avec ses effets personnels au Col des Abeilles : son alliance sera restituée à la famille.

Ravin du Médius, au fond le Col des Abeilles en 1931 (Collection Bonnafoux)

Alexandre est inhumé à la Nécropole nationale de Suippes.

La loi de 1921 permet aux veuves, ascendants et descendants des militaires "Morts pour la France", d'obtenir un permis de circulation gratuite, chaque année, pour se rendre sur le lieu de sépulture.

La vie continue...

Ernest et Alexandre (artisans-menuisiers), Juliette fille, et Juliette mère que l'Histoire, de nouveau, n'épargne pas :

En 1935, Ernest part au service militaire - prolongé du fait du déficit démographique - du 6e Régiment du Génie d'Angers.

Fait prisonnier à Mirecourt (Vosges) et orienté vers le Stalag IX à Trutzhain, il n'en revient qu'en mai 1945, pesant tout juste 40 kilos. Il retrouve Celle qu'il devait épouser en 1939...

Déclaré Grand Invalide de Guerre, il le cachera à tous jusqu'à sa mort en juin 1992 : sa famille retrouvera cachés sous son établi, son violon (qu'il n'a plus touché après 1945) et sa plaque GIG...

Alexandre et sa famille, réunis autour du même escalier : avec sa femme et son 1er fils en 1913 ; ses enfants en 1919-1920 ; ses petits-enfants en mai 2015 : Daniel Dion (fils d'Alexandre), Jean-Marie Dion (fils d'Ernest), Michel et Monique Rigoulay (enfants de Juliette)

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Marie et Daniel DION, ses petits-fils : ils lui ont rendu un vibrant hommage le 28 décembre 2014)

 

 

Combats de MASSIGES en 1914 et 1915, MPLF en 1917 à 32 ans

Abel LHOIRIT 33e RIC

Les Gonds, CHARENTE MARITIME

(Plaque trouvée à Virginy par Manu Bugeon, bénévole, probablement perdue quand le 33e RIC combattait à Massiges en 1914 et 1915)

Grâce à Mr le Maire de Jazennes, Mr Massias Yves, et sa secrétaire Mme Maurin Sonia, Annie et Robert ont retrouvé son ARRIERE PETITE-FILLE, très émue et surprise! Elle accepte la plaque avec grand plaisir, la gardera un moment pour elle puis la donnera aux petits-enfants qui vivent encore, dont un qui porte le prénom d' Abel.

Né le 01/04/1885, fils de feu Delphin et de Célestine Delage.

Le 28/06/1909, a épousé à Jazennes Marie Anne Lauranceau : 2 filles, Marie Simone et Edithe

Mort le 16/08/1917 à 16h10 près de Badonviller, par suite de blessures reçues sur le champ de bataille.

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES (Côte 191) le 15/09/1914

Jules AUGER 4e RIC

Castres, TARN

Né le 06/08/1882, fils de Joseph Auger et Rosalie Gasc ; classe 1902, matricule 830 au recrutement de Carcassonne.

1,64 m ; cheveux et yeux châtains

Profession : cultivateur à Saix

A épousé Victorine Solomiac le 09/04/1910

Arrivé au 8e RIC le 12/08/1914

Carte postale de Jules Auger écrite de Toulon quelques jours avant le départ vers le front.

Passé au 4e RIC le 30/08/1914

Le 14 septembre 1914, son régiment cantonne à Virginy.

Le 15 septembre, la Division marche à l’attaque de la côte 191 : 3 tués, 16 blessés par le feu d’artillerie (En réalité, plus de 15 morts enregistrés à cette date après le conflit)

Jules Auger ne rentrera pas...Porté disparu, son acte de décès ne sera dressé que le 22/10/1920, une fois les prisonniers de guerre rentrés. Jusqu'à cette date, sa veuve ne percevra aucune aide de l'Etat.

Avec une moyenne de 4000 morts par jour d’août à septembre 1914, de nombreuses fosses communes ont été creusées. Elles accueillent jusqu'à 100 corps de soldats, identifiés comme non-identifiés. Avec une seule plaque d'identité en début de guerre, celle de Jules Auger a probablement été arrachée ou désintégrée au moment de sa mort. Il repose très probablement avec François Arnaud, dans l'un des ossuaires de la Nécropole du Pont de Marson.

Médaille Militaire posthume

Jules Auger laisse une veuve et une enfant, Maria âgée de 18 mois (décédée le 18/07/2005)
Victorine ne se remariera jamais.

Victorine Auger, sa veuve à droite et sa mère Louise (belle-mère de Jules) à gauche

De gauche à droite, Bastien Pagès son arrière-arrière petit-fils, Marie Pagès son arrière petite-fille et Rémi Puget son petit-fils, photographiés devant la métairie de Jules Auger située sur la commune de Navès.
Bastien Pagès et Laurent Pagès, de visite à Massiges en août 2015.

(Avec l'aimable autorisation de Mr et Mme Laurent et Marie Pagès, son arrière petite-fille)

 

De villages voisins, ces 2 soldats se connaissaient !

 

DISPARU MPLF à Massiges le 16/09/1914

François ARNAUD 4e RIC, 32 ans

Pont-de-Larn, TARN

Né le 11/05/1882, fils de Jean (François) et de Marie Nègre ; classe 1902, matricule 1131 au recrutement de Carcassonne.

1,56 m ; cheveux châtains et yeux bruns

Profession : cultivateur à Labruguière où il se marie le 22/04/1909 avec Léonie Guilhot : un fils Alfred (François) né le 20/01/1910 et une fille Maria (Emilie) née le 03/02/1913.

Soldat de 1ère Classe le 11/05/1906

Rappelé au 8e R.I.C le 02/08/1914, passé au 4e R.I.C. le 30/08/1914

Extraits du JMO :

François Arnaud est probablement l'un d'eux, tombé au champ d'honneur le 16/09/1914 à Massiges.

Avec l'hécatombe du début de guerre, le Général Joffre donne des consignes pour les inhumations en fosses communes, jusqu'à 100 corps.

Comme de nombreux camarades disparus en début de guerre, son corps non-identifié aura été relevé dans les jours ou les années qui ont suivis, et il repose avec Jules Auger, dans l'un des ossuaires de la Nécropole du Pont de Marson.

"Mon arrière grand-mère Léonie, veuve en 1914, ne s'est jamais remariée (elle est décédée en 1980); elle ne s'est jamais rendue à Massiges".

(Avec l'aimable autorisation de Guy-Noël Dupré, son arrière petit-fils en visite à Massiges le 11/11/2016)




DISPARU MPLF à VILLE-SUR-TOURBE le 16/09/1914

Jean-Joseph MILHAU 4e RIC

Murasson, AVEYRON

Né le 25/01/1882, fils de Jean et de Virginie Nègre ; classe 1902, matricule 773 au recrutement de Montpellier.

Profession : cultivateur

1,67m ; cheveux châtain foncé, yeux roux

Avec son épouse Marie-Léonie née Carle, ils sont parents de 3 enfants : Marius, Fernand et Marie Mélanie (morte enfant, brûlée dans un chaudron d' eau bouillante)

Rappelé au 4e RIC le 1er août 1914. Il lui a été recommandé de se mettre en route avec 2 chemises, un caleçon, 2 mouchoirs, une bonne paire de chaussures et de se faire couper les cheveux, ainsi que d'emporter des vivres pour une journée.

Les 1ères opérations auxquelles le régiment prend part de déroulent dans la vallée de la Meuse vers Stenay et en Belgique (La bataille de Rossignol restera la journée la plus sanglante avec 27 000 morts le 22août 1914!)

Le 4e RIC se retrouve ensuite engagé dans la bataille de la Marne et participe à des actions autour de Virginy et Massiges. Il releve le 22e RIC sur les hauteurs au Nord de Massiges.

Les opérations prévues sont contrariées par un brouillard épais.

Il disparaît le 16/09/1914 dans les violents combats de Ville-Sur-Tourbe. Son corps n'a jamais été retrouvé.

"On avait raconté à ma grand-mère qu'il était mort au bord d'un talus (pour quelqu'un de chez nous Massige est un talus), l'artère fémorale sectionnée. On lui a aussi rapporté le portefeuille.
On m'a dit aussi que sa plaque avait été enlevée pour que rien ne se sache d'où "porté disparu." (Mme Cécile Milhau, sa petite-fille)

 

Probablement relevé par les paysans lors de la remise en culture des champs, il repose dans l'un des ossuaires de la Nécropole du Pont de Marson.

"Le grand-père Jean-Joseph Milhau, mort à la guerre était mon héros. Parfois de temps en temps "je montais" à Paris pour voir mon oncle Ernest, j'avais alors une pensée attendrie à la flamme de l' Arc de Triomphe, persuadée que là était mon grand-père, le "soldat inconnu" porté disparu en 1914.

Je ne sais pas comment ma grand-mère a appris le décès de son mari, il avait été porté disparu et de ce fait tout est devenu plus difficile. Bien que mon père et son frère soient pupilles de la nation, ils n'ont pas fait des études que pourtant leur situation rendait possible, parce que le curé de la paroisse a dit à ma grand-mère que si elles les envoyaient à l' école laique, il les excommunierait !

Le grand-père voulait changer de vie, il avait dans l'idée de quitter Riols, pour une région plus propice.

Le portefeuille était revenu à ma grand-mère...vide...sans l' argent et sans la plaque d' identité. Or il était parti avec l'argent du ménage, sans doute la dot de ma grand-mère, qui s' élevait à 1000f, car il voulait partir de Riols et s' établir dans une ferme plus facile et plus productive.

C'était un travailleur adroit, il fabriquait des jougs, il savait régler des lampes à pétrole et vendait des mêches pendant ses tournées qu 'il faisait à vélo.

Il devait se dire que la guerre ne durerait pas longtemps, il pouvait avoir une opportunité et en profiter" !

"Je n'ai qu'un courrier envoyé à ma mère lui disant qu'il est au cimetière (provisoire) de ville-sur tourbe (...)
Et ma grand-mère disait qu'il était mort au bord d'un talus  ce qui rend tout plausible un jour peut être la plaque ressortira ou pas en lui volant l'argent on lui a enlevé la plaque..."

Riols, la maison familiale

(Avec l' aimable autorisation de Mme Cécile Milhau, sa petite-fille)

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 18/09/1914

André BOSC, 33 ans

Lanargol, LOT

Caporal du 4e RIC, 4e Cie

(Service au 4e régiment de Zouaves de Tunisie)

Né le 08/07/1881, fils de Julien et de Mathilde Montagne ; classe 1901, matricule n° 392 au recrutement de Rodez.

1,65m ; cheveux châtains, yeux gris

Profession : agriculteur puis employé à la mine de Décazeville (Aveyron) et enfin contre-maître dans une faïencerie en région parisienne.

Campagne de Tunisie de 1902 à 1905

Couverture et page de garde de son carnet de chant où il a écrit :

"Ce livre est à mois / Comme Paris est au roi / Je tiens à mon livre / Comme le roi à sa ville / Si vous voulez savoir mon nom / Regardez dans le petit rond / Si vous voulez savoir mon année / Regardez dans le petit carré / Si le public chérit mon livre / Je serai heureux comme un roi / Mais s'il est indigne de vivre / J'aime mieux qu'il meure que moi."

 

Nommé Caporal le 18/10/1903

André Bosc épouse Angèle Rosa Fabre le 26/04/1907 à Capdenac-Gare (Aveyron) puis monte à Paris comme contre-maître dans une faïencerie à Alfortville.

Rappelé à l'activité au 8e RIC, 27e Cie, le 01/08/1914 ; passé au 4e RIC, 4e Cie le 30/08/1914.

"Chère Rosa, maintenant nous y voilà, au milieu de la fournaise." (extrait de sa dernière carte écrite le 08/09/1914)

Son régiment prend part aux combats violents de septembre 1914 à Massiges.

Extraits du JMO :

"Le 15/09, la Division marche à l'attaque de la Côte 191" (terrain actuel de l' Association)

"Depuis le 16 septembre, temps détestable, pluie et vent froid. Les hommes souffrent beaucoup surtout la nuit malgré les abris en paille qu'ils s'ingénuent à établir dans les tranchées."

"Le 18/09, le régiment a l'ordre de se tenir sur la défensive sur la Côte 191 et la croupe qui descend de ce mamelon vers l' Est jusqu' à la route nationale de Ville-sur-Tourbe jusqu' à Cernay. Les artilleries arrosent réciproquement les tranchées. De notre côté, pertes insignifiantes les tranchées ayant été renforcées."

André Bosc est tué le 18/09/1914 dans les terribles combats de Massiges.

Il laisse une épouse et 4 enfants : Yvonne, Georges, Lucien, Andrée. Porté disparu pendant 4 ans, elle recevra un secours d'urgence de 150 fr en avril 1915.

Sa veuve Rosa

En début de guerre, à la demande de Joffre, les soldats sont primo-inhumés en fosse commune d' une centaine de corps. Dès 1915, les familles font pression pour réclamer des tombes individuelles dans l'espoir de récupérer un jour leurs corps.

L' acte de décès n'ayant été dressé qu' en 1918, il est fort probable qu'il n'ait été identifié que 4 ans plus tard.

Comme nombre de ses frères d'armes, il repose aujourd'hui dans l' un des ossuaires de la Nécropole Militaire du Pont de Marson.

Citation : "Brave caporal, dévoué, mortellement frappé le 16 septembre 1914 en accomplissant vaillamment son devoir à Massiges."

Croix de Guerre avec étoile de Bronze, Médaille Militaire

Monuments Aux Morts d' Alfortville et de Capdenac-gare (Aveyron)

(Avec l' aimable autorisation de André, Claude, Françoise, Anne-Marie, Pierre, Marie-Louise ses petits enfants ainsi que ses arrières et arrières arrières petits-enfants) 

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VIRGINY le 21/09/1914

Joseph François JEAN, 32 ans

La Digne d' Amont, AUDE

4e RIC, 2e Bataillon, 6e Cie

(Lors de son service militaire)

Né le 13/03/1882, fils de Jean Pierre et de Céleste Pujol : elle décède quand il n'avait que 2 ans.

Classe 1902, matricule 1504 au recrutement de Narbonne.

1,65 m ; cheveux blonds, yeux bleus

Cultivateur, il était père de 2 enfants.

De 1903 à 1906, il effectue son service militaire au 159e Régiment d'Infanterie Alpine basé à Briançon (Alpes).

Photo ramenée avec lui à LA DIGNE D'AMONT au mois de septembre 1906, au retour de son service militaire.

16e Cie Capitaine Martin

Ses skis norvégiens retrouvés en 2003 par son arrière petit-fils dans un pigeonnier familial qu'il venait de racheter, seront identifiés par la directrice du musée du ski à Oslo : ils datent de 1888-1890 !

En effet, quand le ministère de la guerre décida en 1902-1903 d'équiper de skis trois régiments alpins dont le 159ème RIA, des skis furent achetés en Norvège car en France il n'y en avait pas assez.

D'autre part, la tradition du 159ème était d'autoriser les appelés à ramener chez eux à la fin de leur service, leur paire de skis.

Le 13/08/1914, François est incorporé dans le 4e RIC.

La châleur de cet été est accablante et parfois meurtrière : le JMO du 4e RIC rapporte que "les réservistes non habitués au sac (35 kilos!), non entraînés, se couchent le long de la route, il faut en arriver aux menaces pour les faire avancer".

Son régiment prend part aux combats violents de septembre 1914 à Massiges.

"Depuis le 16 septembre, temps détestable, pluie et vent froid. Les hommes souffrent beaucoup surtout la nuit malgré les abris en paille qu'ils s'ingénuent à établir dans les tranchées".

La retraite de l'ennemi continue et le 4e RIC à l'avant-garde de la 2e DIC, le poursuit sans relâche. Le 4e RIC participe ensuite à quelques actions autour de Virginy et Massiges. Il relève le 22e RIC sur les hauteurs au Nord de Massiges et tient garnison dans des tranchées en attendant la reprise de la marche en avant".

L'acte de décès est établi au "26 Septembre 1914 à Virginy par suite d'un éclat d'obus au cou à 4 heures".

François JEAN reçoit, à titre posthume, la Médaille Militaire :

" Soldat courageux et dévoué. Mort pour la France dans l'accomplissement de son devoir le 21 septembre 1914 à Virginy " .

Croix de guerre avec étoile de bronze

Il repose à la Nécropole Nationale de Minaucourt (ossuaire n°1 ou 4), à quelques kms du champs de bataille.

"Son épouse Justine ( mon arrière grand-mère que j'ai connu car j'avais 6 ans quand elle est décédée en 1977 ) et ses deux fils : Eugène mon grand-père, à gauche sur la photo avec déjà sa casquette à la main et qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin de sa vie en 1993, et René mon grand-oncle - au centre sur la photo - que je n'ai pas connu car il est décédé en 1963. La mémoire familliale dit que dans sa jeunesse, il aurait utilisé les skis norvégiens de son père car à l'époque, les hivers à La Digne d' Amont étaient beaucoup plus enneigés qu'aujourd'hui. Tous les deux ont été mobilisés en 1939 et juste après la " drôle de guerre " en 1940, ont été faits prisonniers : ils ont passé les cinq années suivantes dans un Stalag en Allemagne".

En 1921, sa veuve

En 1976, Justine Roy veuve François Jean et leur arrière petit-fils Joël Dufis 

"Je garde un souvenir impérissable de cette dame que j'ai toujours vu entièrement vêtue de noir . Elle l'a été pendant 63 ans ... " (Joel Dufis)

Son portrait retouché encore accroché dans la maison familiale.

Son frère aîné Célestin JEAN, 35 ans, soldat du 22e RIC, est tué à son tour le 03/03/1915 dans les combats de Vauquois.

La mémoire familliale raconte que peu de temps avant sa mort , il est venu en permission à La Digne d' Amont suite à une blessure reçue au combat (il aurait ramené du front avec lui une arme à feu) et à son départ pour retourner au front , il aurait dit qu'il allait venger son frère ...   

81 ans après, Joel Dufis a fait graver ses nom et prénom sur une pierre de l'ossuaire de Douaumont.

 

100 ans après, il est aussi venu à Massiges "rendre" à François ses skis...

101 ans après , Joel a ramené à François et Célestin de la terre de leur maison natale à LA DIGNE D'AMONT ...

103 ans après, il a déposé cette plaque au pied du Mur de la Mémoire : cette pierre de l'église de Massiges a servi à la création d'un monument à la gloire des Coloniaux de 1914 et 1915.

(Avec l'aimable autorisation de Joel Dufis, leur arrière petit-fils et arrière petit-neveu)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 26/09/1914

Caporal Antoine CABIROU 4e RIC, 33 ans

Villeveyrac, HERAULT

Né le 03/12/1881, fils d' Antoine et de Suzanne Desmazes ; une soeur de 3 ans sa cadette, Marthe.

1,61m, cheveux et yeux noirs.

Viticulteur à Villeveyrac, il était célibataire. Après la mévente de 1907 et le drame du phylloxéra qui a ravagé une partie du vignoble, ses parents se sont établis à Lyon pour vendre la production de vin. Antoine est resté pour s'occuper des terres.

Le 13/08/1914, Antoine est incorporé dans le 4e RIC.

La châleur de cet été est accablante et parfois meurtrière : le JMO du 4e RIC rapporte que "les réservistes non habitués au sac (35 kilos!), non entraînés, se couchent le long de la route, il faut en arriver aux menaces pour les faire avancer".

Le 27/08/1914, 1497 soldats du 4e RIC sont tués, blessés ou disparus dans les combats de Stenay (Meuse).

Son régiment prend part aux violents combats de septembre 1914 à Massiges et Virginy.

"Depuis le 16 septembre, temps détestable, pluie et vent froid. Les hommes souffrent beaucoup surtout la nuit malgré les abris en paille qu'ils s'ingénuent à établir dans les tranchées".

Sa fiche matricule indique qu'il est "tué à l'ennemi du 21 au 27 septembre 1914" :

Le 21 septembre, Antoine manque donc à l'appel ; mais son acte de décès fixé à la date du 26, ne sera établi qu' en 1920, une fois les prisonniers de guerre rentrés.

Cette journée du 26 septembre a été meurtrière : le 4e RIC perd 69 hommes, 174 blessés et 31 disparus.

Dès la disparition de leur fils, ses parents ont abandonné leur commerce prospère à Lyon et sont revenus au village s'occuper des vignes.

Son corps a probablement été relevé dans les années qui ont suivi lors de la remise en culture des champs ; il repose dans l'un des ossuaires de la Nécropole Nationale de Minaucourt, à quelques kms du champs de bataille, avec un de ses frères d'arme ( François JEAN ci-après, décédé dans les MEMES CIRCONSTANCES : se sont-ils connus ?)

"J'espère que ces quelques lignes parlant d' Antoine Cabirou permettront de faire en sorte que sa mémoire soit encore parmi nous." (Avec l'aimable autorisation d' Eliane Ricard, sa petite-nièce qui habite encore le village, et dont la famille est viticultrice, encore et toujours!)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à VIRGINY le 28/10/1914

Jean-Baptiste BLANC 4e RIC, 30 ans

Lacroix, AVEYRON

gris

Né le 20/09/1884, fils de Jean et de Marie-Jeanne Castanier ; classe 1904, matricule 1261 au recrutement de RODEZ.

1,70m ; cheveux châtain, yeux gris bleu

Profession : cultivateur.

Rappelé au 159e RI le 01/08/1914, passé au 4e RIC le 30/08/1914

Il a été tué le 28 octobre 1914 alors qu'il était de retour des tranchées de Massiges.

(Livre d'Or de l'Aveyron)

 

 

DISPARU MPLF à VIRGINY le 06/11/1914

Charles François GAVACH, 32 ans

Maraussan, HERAULT

4e RIC, 2e Bataillon, 7e Cie

Né le 30/09/1882, fils de Charles et de Marie Cougnenc ; Classe 1902, matricule n°600 au recrutement de Béziers.

Profession : Propriétaire viticulteur

1,70m, cheveux blonds, yeux bleus

Charles épouse Rose Barthes à Cazouls le 09/06/1908 : Simone naît en 1912.

Soldat de 1ère classe au 17e RI le 12/08/1904

Rappelé à la Mobilisation générale le 02/08/1914 au 4e RIC

 

Extraits des nombreuses lettres adressées à sa femme :

Toulon le 12 août 1914

Chère Rose, me voici enfin rendu à Toulon depuis ce matin 7 heure. Le coup d’œil est magnifique dans le port, garni de bâtiments de guerre et de commerce. Je suis logé dans une école à proximité du port, d’autres sont logés au Mourillon ou dans de grands vaisseaux déclassés et amarrés à bord. Le début dans la coloniale s’annonce bien. Je me suis présenté au cantonnement à 8h et à 9h j’en ressortais pour aller diner en ville. J’ai jusqu’à 2h pour rentrer. Il parait que l’on n’est pas pressé pour nous habiller, preuve que l’on n’a pas grand besoin de nous.

Toulon le 14 août 1914

Nous sommes réunis en compagnie des Cazoulins, Blanc, Gibaudan, Coste, Donnadieu et Alfred Guiraud : de notre côté, du côté des Maraussain nous sommes trois, Balamon, Blanc et moi. Nous sortons et mangeons ensemble de ce côté tout va bien.

Je couche en ville en compagnie de Norbert Coste, nous couchons dans le même lit. C’est le seul moyen d’être tranquilles car à l’école on est la Compagnie et la place manque. Embrasse Simone bien fort.

(...) mon plus grand désir est qu’à Maraussan vous ne soyez pas inquiets sur mon sort. Je ne sais pas ce que réserve l’avenir mais le présent va bien.

Toulon le 21 août 1914

Balamon te remettra une lettre d’hier en même temps que celle-ci. Ce matin je lui ai donné mon ballot d’effets civils : veste pantalon et casquette. De cette façon je suis sûr que vous le recevrez.

Depuis mon arrivée à Toulon je n’ai rien fait, pas même une seconde d’exercice. Etant logé dans une école (plutôt entassés que logés) j’étais libre toute la journée. Il n’y a pas d’appel, c’est chose impossible car nous sommes trop nombreux.

Les premiers jours j’ai couché en ville avec Norbert Coste ce n’est que depuis trois ou quatre nuits que je couche à l’école sur un matelas.

Afin de dégager les réserves hier on a pris la décision de renvoyer les deux classes 1900 et 1901 chez eux où elles attendront une nouvelle convocation. Le restant (dont je suis) a été habillé et équipé. Il parait que nous devons partir. Toujours pour faire de la place, en prévision de l’appel possible de la classe de 20 ans.

Où irons-nous ? Personne n’en sait rien. Les bruits les plus contradictoires circulent mais personne n’est renseigné pas même les Officiers. Il en est même qui disent que quoique prêts nous ne partirons pas de longtemps. (...)

Du train dont vont les choses je ne crois pas que la guerre dure longtemps. La première grande bataille décidera de tout. Elle est du reste engagée depuis quelques jours et les rares nouvelles qui parviennent sont favorables.

Nous sommes de la plus ancienne classe maintenant, par conséquent en supposant que nous partions d’ici, nous n’irons jamais en première ligne. L’essentiel pour moi, sera donc de n’être pas malade.

De ce côté je me sens assez robuste pour résister à bien des choses. J’ai encore suffisamment d’argent. Quand les fonds seront en baisse (...) je vous enverrai un télégramme.(...) De votre côté vous m’enverrez de l’argent par mandat télégraphique.

Chère Rose je termine ma lettre en t’adressant mes meilleurs et plus tendres sentiments. Embrasse bien Simone et soigne la bien.

Sois courageuse et recommande à mes parents de l’être aussi. Je ne veux pas qu’ils soient inquiets car ils auraient tort de l’être : le fait d’être absent de la mais on ne signifie rien. Je reviendrai bien portant c’est mon ultime conviction. Dans ce cas à quoi vous servirait-il d’être inquiets. Courage donc et surtout confiance.

 

26 septembre 1914

Où en êtes-vous des vendanges ? En avez-vous rentré beaucoup ? A cette il ne doit plus rester dehors que les raisins abandonnés.

Le temps a-t-il été favorable ? Et Simone que fait-elle ! Pense t’elle à son papa ? Embrasse la bien fort. (...) Ton Ch. Gavach

2 octobre 1914

(...) On s’habitue à tout même à la guerre. Je commence à y être habitué. J’ai bon espoir quant au résultat final. Les Prussiens qui au début nous débordaient sont refoulés sur toute la ligne. Nous leur infligeons de temps à autre de cruelles leçons. La victoire nous encourage et c’est presque avec joie que nous frappons. J’espère que nous en serons débarrassés sous peu. Ce jour là marquera la fin d’un cauchemar sanglant et nous aurons assuré la paix. Ma plus grande fierté sera d’y avoir contribué.

Embrasse Simone bien fort et soigne la bien. Je vous embrasse à tous de tout cœur.

6 octobre 1914

(...) Je ne m’étends pas sur les incidents relatifs à la guerre, je te déclare seulement que j’ai confiance. Les Allemands sont tenus en échec partout, et repoussés à certains endroits. Nous faisons presque une guerre de forteresse. Nos positions sont très fortes et surtout bien armés. Avec cela et du courage il n’est pas douteux que nous les battions. C’est mon espoir et c’est l’espoir de tous les Français. (...)

Donne de mes nouvelles à tes parents de Cazouls. Excuse moi auprès d’eux de ne pas leur écrire trop souvent : Il m’est très difficile de me procurer du papier et des enveloppes.

10 octobre 1914

Je continue à être très bien portant. Le ravitaillement est très bien fait et nous mangeons bien et à volonté. En guerre c’est un des points essentiels. A ce sujet tout va bien.

Embrasse Simone bien fort et soigne-la bien. Est-elle toujours espiègle ? A-t-elle fait des progrès au point de vue du langage ?

12 octobre 1914

Dans tes lettres, ne crains pas de t’étendre. Donne-moi des nouvelles de là-bas, beaucoup de nouvelles.

Beaucoup reçoivent de petits colis postaux. Alfred Guiraud de Cazouls qui est dans ma section en a reçu un. Tu pourrais m’en adresser un de temps à autre : Chaussettes de laine, petit tricot, paquet de tabac bleu, mèche à briquet. Enfin bref de menues choses presque indispensables et qu’il est très difficile de se procurer.

14 octobre 1914

Je mets à profit un repos de quelques jours accordé au 4e Régt pour te communiquer mes impressions d’une façon moins brève que je n’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Parti de Toulon le 21 août, je suis arrivée à Sedan après 56 heures de chemin de fer.

J’ajoute à titre documentaire que j’ai eu la chance d’être dans un wagon de 1ère classe. Après quelques jours de recherches le détachement dont je faisais parti a rejoint le 4e Régt le 26 août dans un bois entre Stenay et Beaumont. C’est là le moment précis où commence l’entrée en danse, c'est-à-dire l’entrée en guerre de façon effective.

La nuit du 26 au 27 août a été une terrible veillée d’armes. Dès l’aube nous avons foncé en lignes de Tirailleurs sur les Allemands. L’affaire a été chaude et très meurtrière de part et d’autre. Les ennemis ont été finalement bousculés et rejetés dans la Meuse.

Malgré notre avantage de par les nécessités de la tactique nous avons battu en retraite poursuivis de près par les Allemands. Au cours de cette manœuvre l’engagement le plus sérieux  a eu lieu à Vitry-le-François. Cette bataille a été pour ainsi dire le Chant du Cygne pour les Allemands. En effet après trois jours d’arrêt aux environs de Valmy l’ennemi a été refoulé sur toute la ligne.

Le changement de décors a été aussi complet que subit. En trois jours nous avons avancé de plus de 80 kilomètres.

 

Le 16 septembre le contact avec les Allemands a été repris au Nord de la Marne. L’affaire a été acharnée avec un léger avantage pour nous. Finalement des deux côtés on a creusé des tranchées des casemates et remplacé la guerre en rase campagne par une guerre de forteresse.

Nous sommes restés ainsi 25 jours. Le duel a eu lieu principalement entre Artilleries. Sur certains points ont eu lieu des attaques isolées.

Toutes facilement repoussées d’ailleurs. Le Haut commandement nous a fait remplacer le 11 courant et nous voici actuellement en arrière pour quelques jours. Comme tu vois ce repos est bien gagné.

Je ne suis pas du tout ébranlé au moral aussi bien qu’au physique, je conserve suffisamment d’espoir et d’énergie pour lutter jusqu’au bout. Ma grande joie sera la victoire finale. J’ai confiance et j’ai une foi entière à notre succès.

Voilà chère Rose, rapidement résumées les étapes de la campagne qu’il m’a été donné de vivre.

Prie Dieu pour qu’il m’accorde jusqu’à la fin la même protection.

Embrasse Simone bien fort. Ton image et la sienne sont toujours présentes à mes yeux. Vous êtes mes deux bonnes fées et je n’aspire qu’à un seul bonheur : Vous revoir. Je vous embrasse de tout cœur à tous.

15 octobre 1914

(...) Aujourd’hui j’ai une grande joie. J’ai reçu ta première lettre datée du 6 octobre. C’est avec émotion que je l’ai ouverte. En la lisant mon bonheur a été bien grand. (...) Le service postal n’étant pas parfait je n’avais rien reçu de personne. Tes nombreuses lettres y compris les deux recommandées sont restées en route. J’avais heureusement de temps à autre des nouvelles de Maraussan par Blanc et de Cazouls par Guiraud. Blanc se porte aussi bien que moi. Etant au repos je le vois souvent et avant-hier j’ai lu toute la correspondance que lui a envoyé sa charmante femme.

Je suis très content de savoir que les vendanges sont terminées et qu’elles ne vous ont pas trop donné de peine. Dans une prochaine lettre tu me diras si nous avons été riches et si les cours sont fermes.

Ma plus grande émotion en lisant ta bonne lettre m’a été occasionnée par le passage relatif à Simone. Elle pense à moi et me réclame souvent dis-tu. Je reconnais là, Chère Rose un trait charmant de sa délicatesse. Je t’en remercie de tout cœur. Continue à me rappeler à Simone. Soigne la bien et embrasse la bien fort à ma place.

16 octobre 1914

Hier le Colonel du Régiment nous a conduit en promenade militaire au monument commémoratif de la bataille de Valmy.

Ce pèlerinage a été émouvant et les paroles hautement patriotiques du Colonel ont pris une ampleur insoupçonnée grâce à l’image en bronze de Kellermann. Le Régiment formait le carré autour du monument drapeau déployé. Le spectacle était grandiose et terrible à la fois. Nous étions tous émus et fiers d’être Français. Il n’est rien de tel au milieu des tourmentes de la guerre pour retremper les hommes qu’un pareil spectacle dans un pareil décor.

17 octobre 1914

J’ai constaté avec joie les progrès de Simone pour l’écriture. C’est un grand réconfort pour moi de savoir qu’elle pense et parle souvent de son papa. Continue chère Rose à bien la soigner et à bien l’élever à ton image.

Tu pourrais me donner des détails sur les cours des vins, l’état du marché, et la marche de la Coopérative. Combien avons-nous de vin à Maraussan et à Béziers ?

19 octobre 1914

Je suis très content car maintenant je reçois de tes nouvelles. Hier soir j’ai reçu une carte datée du 5 et une lettre datée du 11.

Tu me dis que la municipalité a acheté de la laine, c’est très bien. Tu pourras m’envoyer des gants. Il ne fait pas encore bien froid mais cela ne va pas tarder et dans ce pays-ci il ne doit pas être agréable d’être démuni d’effets. Si tu m’envoies un tricot choisis si possible un tricot bleu ou noir, genre tricot cycliste avec un col.

J’éprouve un agréable plaisir à voir que Simone a grandi et qu’elle continue à être espiègle. Ses jeux et ses cris doivent sûrement remplir la maison. C’est un grand bonheur car de cette façon elle doit vous donner beaucoup d’occupation et beaucoup de joie.

Au sujet de mes amitiés nées de cette guerre je puis te dire quelques mots. Je suis très lié avec quelques gars de là-bas, tous réservistes comme moi : Vidal de Tourbes, Gauze de Florensac, Guiraud de Pézenas, mon camarade de combat et mon excellent ami est un parisien natif du Cantal nommé Chappe, c’est un très bon garçon et nous faisons cause commune. Il est établi Hôtelier à Paris Rue Bisson n°47. Nous sommes ensemble depuis Toulon, côte à côte dans la même escouade, coude à coude partout, dans les combats, au bivouac et à la soupe. Ainsi chère Rose tu peux comprendre quel genre d’amitié me lie à ce garçon.

Le train de vie est toujours pareil nous avons repris notre service des retranchements. Nous partons 24 heures dans les tranchées et 24 heures en arrière dans un cantonnement.

Je suis toujours très bien portant, l’état sanitaire est en général bon. Le ravitaillement se fait de façon régulière et les vivres sont très suffisants. Voilà chère Rose fidèlement résumés quelques points de ma vie de campagne.

J’oubliais de te dire que l’on nous a distribué des couvrepieds et des toiles de tente. La Croix Rouge nous fait de temps à autre quelques cadeaux. J’ai eu de cette façon une paire de chaussettes, une chemise et une flanelle.

 

Extrait de lettre de Rose adressée au père de Charles auquel elle envoyait toutes les lettres de celui-ci :

A la maison nous allons bien. Simone est toujours insupportable, lundi j’ai fait partir un autre colis à Charles avec son tricot de coton, une paire de chaussettes, deux boites de foie gras et du chocolat. Le bonjour de tous, une caresse de Simone.

23 octobre 1914

(...) pourrais-tu me donner des nouvelles des copains Maraussanais qui ont été mobilisés dans d’autres corps que le mien. Que font par exemple Bourdel, Carcenac, Balaman etc. qui doivent être versés au 34e Colonial et que je n’ai vu nulle part.

Renseigne moi aussi sur les cours du vin et l’état du marché. Comment marche la Coopérative ? A-t-on apporté des raisins à la cave ? Les expéditions se font elles ? La Société donne t’elle facilement des accomptes. Vous a-t-elle payé le solde de la dernière récolte ? Toutes ces choses là me feront plaisir et je saurais ainsi comment vont les affaires et comment va la vie à Maraussan.

Laisse moi maintenant te parler de Simonette, c’est encore là le plus grand bonheur que j’éprouve. Je suis très content de voir qu’elle fait des progrès à tous les points de vue. Avec sa grande amie Lucile elle doit avoir un bon professeur de gamineries. Vous devez passer des moments de douce joie.

27 octobre 1914

Je suis très heureux de voir que Simone est toujours démon, je vois d’ici les scènes qu’elle doit avoir avec grand-père. Mille baisers à Simone et à toi.

29 octobre 1914

C’est avec un plaisir très vif que je viens de recevoir les deux colis que tu m’as envoyé. Je les ai reçus en même temps. Je ne saurais trop te remercier, le linge, tricot, caleçons, bas, cache-nez, gants me seront très utiles. Le saucisson, le chocolat vont être pour moi des gourmandises, car les Allemands ayant tout pillé, il n’en reste plus dans le pays. Les deux paquets de tabac, la mèche, les papiers à cigarettes et le papier à lettres seront pour moi choses très agréables.

Dans un de tes billets tu me parles d’une veste caoutchoutée. C’est une excellente idée : Tu peux m’en envoyer une à la première occasion. Le pays est très humide et le soleil se montre rarement. Elle me sera très utile surtout si tu la choisis bien imperméable. Je te recommande maintenant de ne plus m’envoyer du linge de corps que pour le rechange quand celui que j’ai sera sale. Tous les vingt jours à peu près. Chaussettes, tricot sur la chair et caleçons. Quelques mouchoirs de temps à autre.

Simone est toujours espiègle et me réclame souvent. Elle a pris ma place au dodo et vous priez ensemble à mon intention. Je vous en suis reconnaissant à toutes deux et j’ai une foi entière dans l’efficacité de vos prières. Le seul bonheur qui remplisse mes rêves est de vous savoir en communion d’idées avec moi. Le rêve supprime la distance et je vous vois prier. J’espère fermement passer du rêve à la réalité. Ce jour là sera un jour béni et notre bonheur sera immense.

Virginy Marne le 30 octobre 1914

Le 4e Colonial a lutté le 16 septembre au nord du village de Virginy, et gagné du terrain au prix de gros sacrifices.

Malgré les contre attaques nous avons conservé nos positions en les fortifiant.

Depuis le 16 septembre nous en sommes là (2e Bataillon), excepté les 6 jours de repos passés en arrière à Hans. Nous prenons le service dans les tranchées et nous sommes relevés toutes les 24 heures. Les tranchées ennemies parallèles aux nôtres sont à 5 ou 600 mètres. Cette nuit nous avons été relevés par un autre régiment et nous voici à Hans au repos pour 3 ou 4 jours.

Fait saillant à te signaler : à l’affaire de Vitry le François ne pouvant tenir sous le feu terrible de l’artillerie allemande ma section a été obligé de se replier avec pertes sur un terrain découvert battu par les schrapnels. J’ai traversé debout presque seul ce terrain (800 mètres au moins) et avant d’arriver à un talus très haut dominant la Marne, j’ai rencontré l’Adjudant Chef de ma section blessé d’un éclat à la hanche, et sur sa prière désespérée, je l’ai aidé à se trainer jusqu’à l’abri. Une fois là et après l’avoir déshabillé j’ai réussi à l’amener le long de la marne jusqu’à la grande route distante de 500 mètres. Notre artillerie (canons de 75) très éprouvée se repliait juste à ce moment en désordre. J’avise une pièce et par cris et par gestes, l’Adjudant blessé à mon bras, je réussis à la faire arrêter. J’installe vivement mon blessé à l’affût entre les quatre roues et je monte à califourchon derrière lui pour le soutenir. Sur le siège se trouvaient aussi deux artilleurs blessés.

Ainsi installés la pièce repart au galop à travers Vitry le François. Une ambulance se trouve là, on descend, j’enlève mon Adjudant devenu très faible par la perte du sang et je le fais panser. De là on l’a conduit sur un petit charriot directement à l’hôpital. J’ai le souvenir toujours vivant des remerciements que ce pauvre garçon du nom d’Albertini m’a adressé en me quittant. Chère Rose, une bonne action n’est jamais perdue. Je suis heureux d’avoir fait mon devoir et d’avoir rendu un bien grand service à un camarade. Sans superstition aucune je suis convaincu que ce fait m’a porté chance car après cela j’en ai vu bien d’autres et suis toujours bien portant et j’ai surtout la conscience tranquille. Je n’y ai pas tout perdu car j’ai hérité de la musette d’Albertini garnie de pain et de jambon : Choses très utiles en campagne et propres à calmer les émotions d’un si rude combat. A toute chose malheur est bon.

31 octobre 1914 (à ses beaux-parents au sujet de leur fils Hervé, frère de Rose)

Chers Parents, (...) Je me permets ici en qualité de vieux de la vieille habitué aux sifflements des balles et au fracas du canon, de formuler des vœux pour qu’Hervé puisse affronter tous les périls avec le même bonheur qui m’a protégé jusqu’à ce jour. Je crois du reste que le plus dur est fait, et j’espère pour sa sauvegarde qu’il n’assistera qu’aux derniers coups de cette guerre. (Hervé sera tué à Verdun en 1916)

P.S. Dans ma section j’ai la chance d’avoir deux Cazoulins : Alfred Guiraud et Assémat (Azéma) domestique à Savignac chez Mme Veuve Chabert. Tous deux vont très bien. Nous parlons souvent du pays. Sitôt que l’un d’entre nous reçoit des nouvelles il les communique et nous discutons à  perte de vue sur la situation. Hier Guiraud a reçu un colis contenant entre autres choses des berlingots de Carpentras. Il m’en a offert et nous les avons croqués de compagnie. On fait ce que l’on peut en campagne on croque ce que l’on peut bien aisé d’en avoir.

31 octobre 1914 (à Rose)

Le commerce n’achète pas, c’est tout naturel, s’il achète c’est à bas prix. Je vous recommande de n’être pas pressés et d’attendre. Si la guerre se termine bientôt, le vin se vendra à nouveau un bon prix. Dans ce pays-ci c’est une rareté : les commerçants n’en ont plus en cave.

Je me rappelle dans notre mouvement offensif de la Marne avoir vu dans tous les endroits traversés les caves vidées, les maisons pillées, les granges incendiées par les Allemands. Ces vandales n’ont pas laissé une goutte de vin. Durant 80 kilomètres la route suivie par eux était pavée de bouteilles. Le pays est très riche ici et surement qu’après la guerre, les habitants ne seront pas longs à relever leurs ruines. Ils sont bons amateurs de vin, surement ils referont leurs provisions. La seule chose qui pourrait enrayer la hausse ne serait pas à mon avis le fait du consommateur, ce serait plutôt imputable aux commerçants dont la guerre aurait ruiné le crédit.

Avant de finir laisse moi parler de Simone. C’est encore là mon plus grand bonheur. Essaye de l’envoyer à l’école, tu me diras ses impressions. Je la vois partir avec ses amies et son petit panier. Pourvu qu’elle ne mange pas son goûter en route ! Embrasse la bien fort.

3 novembre 1914 : La température nous est clémente. Jusqu’à présent nous n’avons pas trop souffert du froid. Le temps est couvert depuis bientôt un mois sans grande pluie toutefois. (...)

5 novembre 1914 : (sa toute dernière lettre)

Je reçois à l’instant ta lettre du 28 octobre ainsi que le colis contenant 1 tricot 1 paire de chaussettes, deux boites de foie gras, chocolat et sucre. (...) Tu me parles d’argent. Je n’en ai pas du tout besoin car nous n’avons que de rares occasions d’en dépenser.(...)

Au sujet du linge quand tu m’auras envoyé la chemise et la veste caoutchouc arrête toi car j’en ai déjà trop. Envoie moi simplement à longs intervalles le nécessaire pour changer.

Je suis content de voir que vous pouvez encaisser les coupons à la recette et que la Coopérative paie en partie le vin de l’année dernière.

 

Son régiment est engagé dans les violents combats de Massiges (Côte 191) : Charles meurt des suites de ses blessures le 06/11/1914 à Virginy.

Primo-inhumé dans l'un des cimetières provisoires de Massiges-Virginy, il repose très probablement dans l'un des ossuaires de la Nécropole du Pont de Marson.

Avec l’aimable autorisation de son arrière-petite-fille Mme Françoise Baron, venue avec sa famille en mai 2018 à Massiges et Virginy.

« Ce voyage a été en tout cas extrêmement fort et émouvant pour toute la famille de 84 à 14 ans. Nous sommes plus que jamais très fiers de notre aïeul. »

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 03/02/1915

Ernest PHILIBERT 4e RIC, 25 ans

Vinon, VAR

gris

Né le 2 septembre 1889, fils de Jules et de Louise Esbras ; classe 1909, matricule 632 au recrutement de Toulon.

1,55 m ; cheveux châtain foncé, yeux gris

Profession : cultivateur

Rappelé au 4e RIC le 02/08/1914.

Tué au champ d'honneur le 04/02/1915 à Massiges Virginy.

 

 

Combats de la MAIN de MASSIGES en Février 1915, MPLF en 1917

Aimé Gaston CHALON 4e RIC, 22 ans

St Gervais sur Roubion, DROME

Né le 07/02/1895, fils de François et de Célestine Costadeau ; classe 1915, matricule 705 au recrutement de Montélimar.

Profession : cultivateur

1,67 m ; cheveux et yeux noirs

Incorporé à compter du 15/12/1914 au 4e RIC.

Gaston combat en février 1915 à la Main de Massiges puis participe à l' Offensive de Septembre 1915.

Embarqué à Toulon le 01/12/1916 sur le vapeur "Canada" à destination de l'Armée d' Orient, débarqué à Salonique le 09/12/1916.

Evacué blessé et décédé le 05/05/1917 près de Brahovo (Serbie).

Son frère Louis CHALON est également un combattant de Massiges ; son dossier est en ligne dans le 8e RIC.

(Avec l'aimable autorisation d' Yves Boulard, Président de l' Association Les amis du Patrimoine-Cléon d'Andran)

 

 

DISPARU MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 04/02/1915

Antoine Emile CHIFFRE 4e RIC, 32 ans

Citou, AUDE

Né le 15/04/1882, fils d'Auguste et de Emilie Azalbert, classe 1902, matricule 141 au recrutement de Narbonne.

Profession : cultivateur

1,64 m ; cheveux et yeux châtains

Ajourné pour faiblesse en 1903 et 1904, bon pour le service au 100e RI en 1905.

Rappelé à l'activité au 4e RIC le 13/08/1914

Après Beauséjour en Décembre 1914, le régiment est engagé en Février 1915 dans les violents combats de la Main de Massiges.

3 Février 1915 : "Alerte à midi - Le régiment rejoint Massiges où il est réuni à 18h30. La situation est la suivante : 1er (Bataillon à) 191...2e (Bataillon à l') Annulaire.

Le 21e a été délogé de l' annulaire qui est entièrement entre les mains des allemands. On se propose de reprendre les tranchées perdues.

Le 3e Bat (Barbazan) est chargé de l'attaque de l'annulaire. A la faveur de la nuit, le Capitaine Barbazan son bat au pied de la croupe, le dispose en colonnes et escouades par 2, et le fait progresser jusqu'aux abords de la 1ère tranchée, dans laquelle il se jette au signal convenu. La surprise est si complète que le mouvement se continue jusqu'à la 2e tranchée qui est également prise. Une mitrailleuse allemande est enlevée ; tous les allemands (plusieurs centaines) sont tués ou faits prisonniers. Quelques minutes ont suffi pour obtenir ce brillant résultat, malheureusement nous le payons de la vie de beaucoup des nôtres dont le Capitaine Barbazan mort glorieusement à la tête de son Bataillon.

4 Février 1915 : au point du jour, le bataillon est contre-attaqué par de nombreuses petites colonnes allemandes qui sont repoussées". (JMO du 4e RIC)

 

Blessé au combat, Antoine CHIFFRE a été amené dans l'église de Massiges qui a été bombardée.

(Eglise de Massiges, 1918)

Il est porté disparu à la Main de Massiges dans la nuit du 3 au 4 février 1915.

En 1920, une fois les prisonniers de guerre rentrés, son décès est fixé au 04/02/1915.

Antoine Chiffre repose très probablement dans l'un des ossuaires de la Nécropole Militaire du Pont de Marson-Minaucourt.

A quelques mois d'intervalle le 26/09/1915, son frère François - Sapeur à la Cie 16/1 du 2e Génie - tombe lui aussi au champ d' honneur à Tahure. Une page lui est dédiée dans la MEMOIRE DE LA MAIN puis AUTRES REGIMENTS.

En cette seule année 1915, la guerre aura coûté 2 fils à la famille Chiffre.

(Avec l'aimable autorisation d'Emmanuelle Fabre, son arrière-arrière-petite-fille)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 03/02/1915

Pierre SIPRA, 32 ans

La Fajolle, Aude

4e RIC, 9e Cie, 3e Escouade

 (plaque de poignet confiée par Jean-Pierre Mainsant, trouvée par Jean Mathieu, le père de Thérèse)

Avec la précieuse aide de Mr Jean Marc Bisserie (frère de Mme Arlette Belou) et de Mr René Sipra, petit-neveu du soldat, Annie a retrouvé sa PETITE-FILLE Arlette, 83 ans, très émue : sa grand-mère lui a souvent parlé de lui.

"Sachez que cela nous touche tous et que l'on a le sentiment de retrouver un être cher même si nous ne l'avons jamais connu, c'est une partie de lui que vous allez nous restituer." (Mme Anne Belou, son arrière petite-fille)

"Nous sommes très émus, et les arrières petits-enfants de Pierre SIPRA seront très impressionnés." (Mr Bisserie)

 

Né le 18/02/1882, fils de Charles et Madeleine Chourreu ; classe 1902, matricule 1318 au recrutement de Narbonne.

1,60m, cheveux châtain clair, yeux bleus

Profession : Cultivateur

Effectue son service militaire en 1903 au 122e RI, puis ses périodes d'exercices au 80e RI.

Epouse en 1906 Rosalie ("Rose") Fourie : Magdeleine naît en 1908 suivie de Jane en 1912.

(Rose Sipra)

Le 13/08/1914, Pierre est incorporé dans le 4e RIC.

La châleur de cet été est accablante et parfois meurtrière : le JMO du 4e RIC rapporte que "les réservistes non habitués au sac (35 kilos!), non entraînés, se couchent le long de la route, il faut en arriver aux menaces pour les faire avancer".

Son régiment prend part aux combats violents de septembre 1914 à Massiges.

"Depuis le 16 septembre, temps détestable, pluie et vent froid. Les hommes souffrent beaucoup surtout la nuit malgré les abris en paille qu'ils s'ingénuent à établir dans les tranchées".

La retraite de l'ennemi continue et le 4e RIC à l'avant-garde de la 2e DIC, le poursuit sans relâche. Le 4e RIC participe ensuite à quelques actions autour de Virginy et Massiges. Il relève le 22e RIC sur les hauteurs au Nord de Massiges et tient garnison dans des tranchées en attendant la reprise de la marche en avant".

 

Lettre du 09/11/1914 à son épouse Rose et sa fille Magdeleine ("Magdou") :

(Rose exerçant le métier d'institutrice, leur plus jeune fille "Janette" est gardée par les parents de Pierre)

Virginy le 9 novembre 1914

Bien chère Rose et Magdou, 

Il est 9 ½ du matin je viens de passer la visite, je suis guéri

le major me dit que je peux reprendre mon service par conséquent ce soir il faut reprendre

le chemin des tranchées, j’aurais bien voulu que cela dure un peu plus longtemps. Enfin que veux-tu je ne suis pas pour me reposer, d’un côté je préfère,

si j’ai l’honneur d’arriver sain et sauf ce sera une gloire de ne jamais

avoir quitté le champ de bataille.

Je n’ai pas encore reçu le colis annoncé déjà avant-hier.

Aujourd’hui il fait frai toujours le brouillard mais nous n’avons toujours pas vu

la neige ce qu’il parait qu’il n’en tombe pas beaucoup. Je suis assez couvert

pour supporter quelque chose, tu n’as pas besoin de m’envoyer le caoutchouc,

cela me chargerait trop mais à mesure qu’il me faudra quelque chose je te le

ferais savoir, maintenant pour la ceinture de laine que tu dois m’envoyer je ne

dis pas non, je la mettrais avec plaisir.

Donc pas du souci pour moi, soignez-vous afin que nous puissions nous retrouver

tous en bonne et parfaite santé.

Quand tu écriras à la famille Mage donne bien le bonjour de ma part de gros baisers

à notre petite mignonne sans oubliez notre mamanotte. Il y a déjà quelques jours

que je n’ai rien reçu de René, je suis peut-être un peu exigent, je voudrais avoir

des lettres tous les jours.

Enfin que te dire les nouvelles de la situation de la guerre sont assez bonnes pour

la France, nous lisons de temps en temps quelques journaux mais anciens.

Dis moi un mot sur cela de temps en temps tu dois recevoir la dépêche comme avant.

Lettre incomplète et non datée à Rose :

Je reçois toujours des lettres qui me font un grand plaisir, hier j’ai reçu

celle des lacets aujourd’hui ta lettre du 15 courant.

Je reçois à l’instant le colis de Marguerite le tout est au complet merci

du chocolat et de deux petits flacons on va le boire à votre santé à la

promite victoire de notre chère France et à notre prochain retour.

Je n’ai pas encore reçu ton colis expédié par la gare, il arrivera bientôt ainsi

que la ceinture celui-là fera deux fois qu’il verra Virginy.

Aujourd’hui le temps est assez beau mais il pleuvra surement avant la nuit.

Que vous dire de plus la santé est fort bonne je désire qu’il en soit de

même pour vous tous, et notre chère Janette que fait-elle va-t-elle mieux

de sa rougeole tenez moi au courant, merci à maman de m’avoir ci bien arrangé

le capuchon cela me préservera toujours un peu, en voilà une idée s’il en reste

un peu d’étoffe pour faire une paire de bas cela me préserverait, ici les officiers

ne craignent rien ils passent dans l’eau jusqu’aux genoux ils portent des bas en

caoutchouc.

Mille choses à la famille Mage ainsi qu’à maman

Million de baisers à mes deux petites et pour toi chère Rose mes plus tendres caresses

de ton Pierrot.

 

Lettre du 11/12/1914 à Rose :

Virginy le 11 décembre 1914

Bien chère Rose et Magdou, 

Nous voilà de nouveau dans notre chic patelin depuis avant-hier, nous sommes

allés prendre positions près des Boches, la boue a été notre premier plat, nous en

avions jusqu’aux genoux, on ne pouvait marcher, arrivé aux tranchées, croyant

pouvoir allumer un bon feu afin de pouvoir se sécher les pieds, notre casbat était

tombé à cause des grandes pluie qui tombent. Il fait un temps affreux, il a fallu

se mettre en œuvre pour remonter notre modeste abri, nous y avons passé toute

la nuit avec quelques averses qui arrosait, maintenant j’en ai monté avec un plus

chique et plus solide elle est en planche avec très peu de terre dessus on sera

moins dangereux si elle vient à retomber, dans la même un autre éboulement

d’une autre casbat il y avait quelques types dessous, il n’y a pas eu de mort mes

tous blessés, dans la notre j’y ai un petit fourneau avec tuyau, une foi allumé il

chauffe très bien notre petite cahutte.

J’ai reçu des nouvelles des mages et des Parisiens ils sont tous en très bonne santé.

Marguerite me parle beaucoup de notre petite Janette elle est s’y mignonne elle ma

dit qu’elle c’est dire « papa fait quic aux Ayemands » et que l’on lui pose la question

Et les Allemands ? elle répond font quic à papa, a la pauvre petite elle a bien raison.

Eva est arrivé à Paris il y a déjà quelques jours ils me demandent de mes nouvelles,

je leur ai écris une lettre 4 lettres avec la tienne quelle correspondance, une à

Marinette, à Paris et aux Mages/

Je n’ai pas encore reçu les ceintures, je crois bien qu’elle sera perdu car depuis le

25 novembre surtout par la poste, Mamanottte utilise le caoutchouc, elle doit m’en

faire une ceinture, un capuchon cela me préservera toujours un peu.

Allon ma chérie ne fais pas du soucis, je vais très bien soignez-vous ne soyez pas

malade.

Million de baisers à Magdou et pour toi mes plus tendres baisers.

Pierre

(en marge : "J’attends une lettre de Magdou encore baisers")

 

JMO du 3e Bataillon du 4e RIC :

 

Lettre du 18/01/1915 de Pierre à ses parents :

Virginy le 18 janvier 1915

Je suis dans les tranchées près des Boches et ces de ma modeste cahute

que je vous écris ces quelques mots, aujourd’hui le temps a assez bonne

mine, quoique la nuit a été très froide il a fait un peu de tous les temps,

pluie, neige, beau temps. J’ai eu par moments bien froid aux pieds, pas

à présent par exemple je suis tout près de ma « joconde » qui répand

une chaleur très vive, vous devez vous demander ce que je veux vous dire

et qu’elle est cette bête là, et bien c’est un petit poêle nouveau système qui

consiste d’un tuyau au trou d’un arrosoir avec une pl….. à feu faite à coups de

pioche, mis en place et recouvert de couleur très vite ….. et en abondance

dans ce pays ci c’est la boue qui une fois cuite devient dure comme du fer,

pour le moment le Boche nous laissent assez tranquille ils sont assez raisonnables,

si de notre part on ne les attissaient pas ils le seraient encore davantage mais

que voulez vous qu’ils disent nous allons travailler devant eux faire des boyaux

sous le nez pour nous y installer plus tard, nous sommes à présent à 20 ou 25 mètres

de leur tranchée nous faisons tous ces travaux de nuit, ils nous envoyent bien de temps

en temps quelques balles qui parfois portent bien, cette nuit il y a eu un blessé, j’aurai

bien voulu être à sa place car rester ici ce n’est plus une vie, surtout un temps pareil,

toujours la pluie et la pluie toujours.

J’ai reçu hier votre lettre dans laquelle j’ai trouvé celle de Rose, je suis heureux de

vous savoir tous en très bonne santé ainsi que notre petite Janette ah que je voudrais

la revoir notre petite mignonne et l’entendre dire ces petites réflexions – dites lui quelle

soit bien sage et je lui apporterai un cheval mécanique qui marchera seul.

Ces jours derniers nous avons reçu des blessés j’ai entendu parler qu’il y en avait

quelque’uns de St Afrique je m’en informerais et je vous le ferais savoir.

Et mamanotte que fait-elle qu’elle se soigne et qu’elle se tienne au chaud le mieux possible

afin quelle ne tombe pas malade et vous deux le papa et la maman de Janette vous qui la

soignez si bien conservez-vous dans une parfaite santé pour que le jour ou la victoire sera

complète et que j’aurais donné ma part de mes forces pour défendre le sol français souillé

par ces salle Boches, le jour ou j’aurais accompli mon devoir, je puisse partir content, heureux

vous revoir dans ce Saint Affrique tous en pleine santé. Hélas je rêve et ce rêve ne peut se

réaliser, la distance est trop longue et les circonstances trop dangereuses pour que je puisse

arriver à bon terme. Si je vous parle ainsi ce n’est pas parce qu’il manque du courage et de

confiance chez moi.

Enfin que vous dire les nouvelles sont minimes je vous quitte faites un million de baisers à

la petite pour moi et pour vous trois une grosse embrassade de votre fils et frère.

Pierrot

 

Extrait du JMO :

 

Lettre datée du 01/02/1915 de Rose : Pierre ne la recevra pas à temps...

Artigues 1 février 1915 

Bien chéri,

Ce matin je n’ai pu t’écrire longuement. Depuis que tu m’as dit que tu étais heureux

Tu trouverais une pièce de sous dans le cachet de cire de l’enveloppe.

de recevoir de longues lettres. Je tache de te faire plaisir mais quelquefois je suis

Si tu la reçois bien je t’en mettrai une de temps en temps.

empêchée d’écrire.

Mon bonjour à Chaubet, Marty le rigolo et tes autres camarades.

J’ai toujours beaucoup d’ouvrage.

Bon courage

Je tiens ma maison très propre et cela m’occupe beaucoup.

Que n’êtes-vous là, tous notre Janette, toi et mémé pour me mettre du désordre et me

faire crier un peu ! C’était le bon temps où je grognais contre les objets mal rangés ou

contre…ce malheureux petit chien qui a failli nous brouiller ! tu me menaçais de partir,

c’était pour rire et aujourd’hui cette menace s’est réalisée par la force des choses et

tu es loin et tu regrettes ton bonheur d’ici ! Courage mon grand tu reviendras heureux

d’avoir combattu pour notre France aimé. Je te ferai oublier tes souffrances par toujours

plus de soins, toujours plus de tendresse tes filles te vénéreront, elles t’admireront.

Déjà 8 jours que je t’ai expédié le colis de 5 kilos par la gare tu ne tarderas pas à le recevoir

quand cette lettre t’arrivera. Ensuite je t’expédierai celui de St Etienne dès que je l’aurai reçu.

Mr Pagès m’a dit que j’avais rudement bien fait de ne pas te commander les bas en caoutchouc.

Ce qu’il y a de mieux dit-il, ce sont les jambières imperméables. Je lui ai parlé de la culotte en

toile huilée, il m’a dit que cela aussi serait pratique. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt !

Je lui ai raconté que votre Capitaine vous faisait mettre pieds nus pour enlever l’eau des

tranchées, il m’a dit que ce Capitaine avait raison, que c’était empêcher de vous faire geler

les pieds. Enfin nous avons causé beaucoup de la guerre, il est Adjudant mais il est bien

avec ses off. Il dit que Joffre attend le moment comment dirai-je, le moment atmosphérique,

si tu veux, le plus propice pour l’offensive et que le moment là venu, les Boches seront repoussés

avec force, chassés, vauriens ! Ce sera terrible mon pauvre Pierre, bonne chance pour cette

époque là, mars probablement. Il ne faut pas de l’eau, il ne faut pas de la neige, les cours d’eau

ne doivent pas être capricieux comme l’a été l’Aisne dans l’affaire de Soissons.

 

Je t’ai dit ce matin de te montrer bon pour celui qui ne serait pas choyé de sa famille et de personne.

Je te le répète, fais lui part de ce que tu peux offrir, malheureusement bien peu ; hélas ! pourquoi

ne suis-je pas riche, comme je vous gâterais tous, pauvres soldats ! chaque jour j’expédierais un colis

tantôt à l’un, tantôt à l’autre, hélas ! trois fois hélas !

Tu diras à Auguste…. Que la témérité n’est pas du courage et il faut savoir ménager sa vie comme il faut savoir l’exposer s’il le faut.

Adieu, mille tendres baisers bien doux bien doux.

Tes chéries Rose et Madou

Extrait du JMO du 03/02/1915 :  

"Le 3 février, alerte à minuit, le 4e RIC remonte (de Courtémont, lieu de cantonnement) par le pont de Minaucourt vers 191 et Massiges.

Les Allemands ont fait sauter plusieurs mines, enlevé la côte 191, et le 21e qui occupait la position appelée « la Main de Massiges » a été délogé de « l’Annulaire ».

Le 4e est chargé de la contre-attaque, elle est menée par le bataillon Duchan sur 191 et par le bataillon Barbazan (celui de Pierre) sur l’Annulaire. Le bataillon Barbazan réussit parfaitement, enlève deux lignes de tranchées, tuant, faisant prisonniers plusieurs centaines d’ennemis ; malheureusement le commandant Barbazan payait de sa vie le succès de ses hommes et les pertes étaient lourdes".

 

Pierre Sipra disparaît au cours de cette terrible attaque du 3 février 1915.

Rose tente d'obtenir des nouvelles auprès de ses frères d'arme...

Lettre datée du 11/03/1915 du soldat Paul Chaubet, ami de Pierre et proche voisin audois :

"Néris-les-Bains le 11 mars 1915

Madame,

Vous avez déjà cru peut-être que je n’avais pas fait mon devoir vis-à-vis de vous faire savoir le terrible malheur qui vient de vous frapper.

Voici comment nous avons faite notre attaque, hélas nous étions au repos à Courtemont, le 03 février à 9 heures du matin il y a alerte et il faut partir, nous ne savions pas où, à midi tout a été pris à partir, nous marchons sur une route que jamais nous n’étions passé, nous arrivons à Minaucourt juste à l’emplacement du 22e Colonial là on se repose c’était 6 heures du soir, à 8 heure nous prenons la route de Massige, personne ne savait où nous allions, il faisait obscur, à 10 heures on arrive à Massiges pas loin de Virgini où a été notre poste depuis le 15 septembre, arrivé là on nous fait couché par section au milieu d’un champ que l’eau perlait dessus, il faut il le faut, véritablement nous l’avons deviné ce que nous venons faire à 11 heures du soir, on nous fait marcher à gauche de Massige par escouade, nous posons les sacs et nous montons à peu près 100 mètres.

Toujour Madame mon grand ami Pierre à mon côté, nous étions derrière une haie de champ, où les obus boches frappait toujour, c’était 11 ½ , à un moment donné nous voyons six fusé qui montent vers le ciel.

Il faisait alors un clair de lune extra, ses fusé fut l’attaque de l’artillerie ceci dura ½ heures, puis les fusé rouges reviennent sortir, l’artillerie se tut, se fut l’attaque.

Nous nous sommes embrassé tous les deux. En avant à la bayonnette, nous partons fier, car croyais Madame qu’il était plein dardeur et du courage, on part, à peine fait 30 mètres, les balles boches font rage autour de nous.

Il dit simplement une parole « Je suis touché » et tombe percé d’une balle au front,

je court je suis perdu, « part fait ton devoir » .

Je n’ai pu prendre ce qu’il possédait car la rigueur est très sévère, j’arrive à la ligne de la tranchée boche, une balle me traverse la cuisse et m’oblige aussi à renoncer de combattre.

Je suis resté là pendant 18 heures sur le champ de bataille.

Si j’avais pas été blessé le soir en descendant j’aurais pris tout ce que possédait mon grand ami, mais je n’ai pas pu.

Madame malgré votre malheur prenez douceur sur la peine car il ne faut pas se laisser aller au désespoir, car il faut vivre pour les deux gentilles petites filles que vous avez, croyais hélas qui en aura malheureusement que trop qui seront frappé de ce terrible malheur.

Ah triste vie que cette guerre et quand sera fini, pour quand à moi, maintenant que sa va mieux, je m’empresse de vous écrire.

Je suis en traitement à Néris-les-Bains, donc je suis très bien soigné.

Voilà Madame mon grand ami disparu et votre cher époux, ne vous chagrinez pas trop.

Je joint à votre grande douleur mes meilleures consolation.

Recevez Madame mes plus grandes consolation de mon grand ami Pierre et votre cher époux.

Je vous salue

Paul Chaubet 4e Colonial en traitement à Neris-les-Bains allier Salle (N° 1)

 

L’emplacement où nous avons attaqué c’était le Col des Abeilles à gauche de Massige".

(Paul Chaubet a survécu et s'est marié : nous recherchons sa famille)

Avec un seul témoin du décès de Pierre Sipra, et en l'absence de son corps, le jugement de décès ne peut être rendu. La Croix Rouge (CICR) entreprend des recherches : blessé, a t'il été fait prisonnier ?

Pierre ne rentrera pas. Très probablement relevé dans les jours qui ont suivi mais sans identification possible, il repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires de la Nécropole Militaire du Pont de Marson auprès de 23 000 de ses frères d'arme, la moitié de non-identifiés...

Son nom est inscrit sur les Monuments Aux Morts de La Fajolle et d' Artigues.

Rose Sipra qui ne s'est jamais remariée, a du élever seule ses 2 filles auxquelles elle survivra...

Rose et Jane, orpheline de guerre. Magdeleine est décédée

 

Avec l'aimable autorisation de Madame Arlette Belou, sa petite-fille et fille de Jane décédée en 1936 quand Arlette n'était âgée que de 3 ans). L'association la remercie châleureusement pour son très généreux don.

(Merci à Annie pour ce long travail de retranscription des lettres)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 03 ou 04/02/1915

Samuel RECOLIN, 33 ans

Aumessas, GARD

Sergent du 4e RIC, 3e Bataillon, 9e Cie

Né le 08/05/1881, fils de Emile et de Célestine Ferrières ; classe 1901, matricule 2359 au recrutement de Nîmes.

1,69 m ; cheveux noirs, yeux bruns

Nommé Caporal en 1903 puis Sergent dans le 6e BCP en 1905

Profession : cultivateur

Mobilisé au 8e RIC ; passé au 4e RIC le 30/08/1914

"Le 3 février, alerte à minuit, le 4e RIC remonte par le pont de Minaucourt vers 191 et Massiges.

Les Allemands ont fait sauter plusieurs mines, enlevé la côte 191, et le 21e qui occupait la position appelée « la Main de Massiges » a été délogé de « l’Annulaire ».

Le 4e est chargé de la contre-attaque, elle est menée par le bataillon Duchan sur 191 et par le bataillon Barbazan (celui de Samuel) sur l’Annulaire. Le bataillon du commandant Barbazan réussit parfaitement, enlève deux lignes de tranchées, tuant, faisant prisonniers plusieurs centaines d’ennemis ; malheureusement le commandant payait de sa vie le succès de ses hommes et les pertes étaient lourdes.

101 tués dont quatre officiers, 373 blessés dont 8 officiers, 121 disparus" (Historique du 4e RIC)

Samuel Recolin est présumé blessé dans la nuit du 3 au 4 février 1915 puis porté disparu.

"Je pense que les recherches ont continué malgré la réponse négative transmise par le CICR le 29 février 1916 et ce pour découvrir le lieu d'inhumation. Que c'est le transfert des cimetières provisoires (vers la Nécropole) avec la présence de son corps qui est à l'origine de rectification de "disparu" en 1915 à "Mort Pour La France" en 1922 et ce afin de faire valoir les droits de la famille". (Robert Beaufrère, bénévole de la Main)

Samuel RECOLIN repose à la Nécropole Militaire du Pont de Marson, tombe 8555.

(Avec l'aimable autorisation de Mr et Mme Badet, rencontrés à Massiges le 17/10/2016)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 04/02/1915

Jean GLEIZES 4e RIC, 32 ans

Conque, AUDE

gris

Petit poste Ouvrage Pruneau, 4ème Colonial, Août 1915

Né le 08/02/1882, fils de Guilhaume et de Marie Clauzel ; classe 1902, matricule 616.

1,53 m ; cheveux châtain clair, yeux bleu

Profession : cultivateur

Rappelé au 4e RIC le 13/08/1914

Blessé le 11/10/1914

Tombé au champ d'honneur le 04/02/1915 à Massiges Virginy

Cité. Croix de Guerre.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 04/02/1915
Marius Jean LAGARDE
Vals-les-Bains, ARDECHE
Caporal au 4e RIC, 4e Cie


Né le 19/11/1893, fils de Marius Joseph et de Blanche Baume ; 1 frère
Classe 1913, matricule 363 au recrutement de Privas
Profession : Cultivateur
1,73m, cheveux et yeux châtains

Incorporé le 26/11/1913
Nommé Caporal le 06/12/1914
Tombé au Champ d’Honneur le 04/02/1915 à Massiges-Virginy


(avec l’aimable autorisation de Mme Florence Thomas)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 04/02/1915

Aristide GAXIEU 4e RIC, 20 ans

Belvèze, AUDE

Né le 17/02/1894, fils d' Alphonse et de Anne Joulia ; classe 1914, matricule 856 au recrutement de Narbonne.

1,64 m ; cheveux blonds, yeux bleu

Profession : cultivateur

Incorporé le 05/09/1914

Blessé et porté disparu le 04/02/1915 : son corps n'a jamais été retrouvé.

(Merci à Joel Dufis)

 

 

DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR le 09/04/1915

Sergent Philippe VENIAT, 37 ans

Lusigny, ALLIER

4e RIC, 4e Cie

Né le 21/03/1879, fils de Louis et Jeanne Nomin ; classe 1899, matricule 776 au recrutement de Montluçon.

1,70 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : cultivateur

Nommé Sergent le 24/09/1902

Arrivé au Corps le 06/08/1914 ; passé au 4e RIC le 24/02/1915 qui, après la Main de Massiges, va se battre au fortin de Beauséjour.

6 avril 1915: le bataillon est occupé à la réfection des parapets, des tranchées et au nettoyage du boyau de communication. Une fusillade assez nourrie mais sans importance se fait sur la gauche.

7 avril : "léger chambardement des tranchées de premières lignes . J'apprends (par un déserteur allemand) que les allemands sont décidés à nous attaquer à la tombée de la nuit. Toutes les dispositions sont immédiatement prises". (JMO du 4e RIC)

Effectivement, le 8 avril, l’ attaque ennemie se déclenche vers 17 h30 , les hommes qui se trouvent dans les tranchées de 1ere ligne et le boyau B1 essuient une vive canonnade .

Vers 18h le mouvement se fait, les allemands sortent de leurs tranchées pour sauter dans nos tranchées de 1ère ligne. Une fusillade intense de la 12 Cie les reçoit et les rejete dans leurs tranchées. L'artillerie déclenchée instantanément achève de mettre le désarroi dans leurs lignes.

Leur mouvement d'attaque est arrêté net. Mais l’ennemi réussit à pénétrer dans les deux tranchées tenues par la 8e Cie et parvient à tuer et à capturer tous les défenseurs.

Le 4e RIC et le 22e RIC sont désignés pour une contre-attaque qui échoue.

Dans la nuit, une deuxième contre-attaque est déclenchée. Mais dans l’obscurité de la nuit, il est difficile de coordonner les efforts. Pluie diluvienne, froid et vent : le temps est épouvantable. Les tranchées sont inondées, et les hommes couverts de boue. Les boyaux pleins de boue ne rendent pas l’approche facile, les Allemands seront néanmoins refoulés d’une quarantaine de mètres.

Le 9 avril 1915, le 4 ème RIC attend le jour pour lancer une troisième attaque.

L’ennemi assailli à la grenade et à la baïonnette s’enfuit, abandonnant ses morts et ses prisonniers .

Le marmitage des 77 sur nos tranchées des 1ères lignes se déclenche aussitôt occasionnant des pertes parmi nos soldats .

45 hommes seront tués, on comptera 50 disparus, et 174 blessés.

Parmi ces disparus : Philippe Véniat dont le corps ne sera jamais retrouvé

(Avec l'aimable autorisation de Jacqueline Lefebvre, sa )

 

 

MORT POUR LA FRANCE secteur de MESNIL le 01/07/1915
Louis BERTHIER
Saint-Micaud, SAONE ET LOIRE
4e RIC


Né le 05/10/1886, fils de Henri Berthier et Claudine Vittaut, 4 sœurs et 2 frères
Classe 1906, recrutement de Châlons-sur-Saône
Profession : Manœuvre
1,61m, cheveux châtains, yeux gris bleus

Incorporé le 08/10/1907 au 85e RI
Engagé volontaire le 04/11/1912 pour 2 ans au titre du 4e RIC du Maroc
Passé au 6e Bataillon Colonial le 29/12/1912 puis au 22e Bataillon Colonial le 28/10/1914
Tué à l’ennemi dans le secteur du Mesnil le 01/07/1915


(avec l’aimable autorisation de Mme et Mr Bey, ses petite-nièce et petit-neveu)

 

 

Tous 2 MORTS POUR LA FRANCE à MASSIGES le 25/09/1915

Truel, AVEYRON

a) François Benjamin TREILLES, 33 ans

4e RIC, 3e Cie

Né le 03/06/1882, fils de Benjamin et de Marie Berthomieu ; classe 1902, matricule 544 au recrutement de Montpellier

1,64m ; cheveux châtain, yeux bleu, menton à fossette, front découvert, long nez, bouche moyenne, visage ovale

Profession, cultivateur

Rappelé au 4e RIC le 01/08/1914, il est tué à l'ennemi le 25/09/1915.

 

b) Marcel BLANQUET, 21 ans

4e RIC, 3e Bataillon, 11e Cie

(Marcel Blanquet, assis à gauche, avec ses frères d'arme du 4e RIC. Sa mère a gardé cette photo affichée à près d'elle toute sa vie)

Né le 25/07/1894, fils de Bernard et Anne Couvenhes ; classe 1914, matricule 335 au recrutement de Montpellier.

1,73 m ; cheveux châtains, yeux bleus : ce regard si bleu si profond a traversé le siècle et nous nous demandons encore et encore ce qu'il pensait au moment où l'objectif l' a fixé à tout jamais et pour la dernière fois.

Profession : cultivateur

Incorporé le 11/09/1914 au 4e RIC

Tué le 25/09/1915, il est rayé des contrôles le 26 : sa date de décès sera fixé au 27/09/1915.

Il a très probablement été blessé dans la nuit du 25 au 26 lors de l'attaque des allemands qui s'emparent de la Côte 191 et prennent d'enfilade les tranchées occupées par la 11ème Cie (la sienne) qui recule de 500 m. Resté sur le terrain, son corps a été retrouvé après la contre - offensive du lendemain.

Inhumé à la Nécropole Militaire du Pont du Marson (tombe n°5254)

(Avec l'aimable autorisation de Mme Maryse Palet Maurice, sa petite-nièce)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 25/09/1915

Paul Ernest FAURE 4e RIC, 26 ans

Lussas, ARDECHE

Né le 03/07/1889, fils de Pierre et de Marie Reynaud ; classe 1909, matricule 983 au recrutement de Pont-St-Esprit. 1,74m ; cheveux noirs, yeux gris.

Réformé en 1912 pour "pleurésie et débilité (terme psychiatrique)"

Profession : cultivateur.

Classé service armé le 18/12/1914 et affecté au 4e RIC

Porté disparu à Massiges le 25/09/1915.

La date supposée du décès n' a été fixée qu' en 1927 (contre 1922 pour les derniers dossiers de disparus!)

En 1924, la date n'avait toujours pas été fixée ce qui est exceptionnellement tardif, et laisse penser que sa disparition pouvait avoir d' autres explications, peut-être en lien avec les troubles dont il souffrait.

Robert a retrouvé sa trace dans un lazaret (hôpital allemand) :

Liste des prisonniers blessés soignés dans cet hopital allemand : Ernest FAURE y figure.

Le 02/02/1916, le Ministère de la guerre a communiqué à la famille le transfert de Faure Ernest du 4e Colonial de Vouziers à Darmstadt. Blessé aux deux jambes

Courrier adressé le 02/06/1916 par Berlin à la Croix Rouge :

"Après nos investigations, nous pouvons vous informer que le soldat Français Ernest FAURE du 4e RIC n'est ni détenu dans l'hôpital du camp de prisonniers de Darmstadt ni dans celui de Minden.
Le soldat au nom de Ernest Faure qui se trouve dans le camp de Darmstadt appartient au 8e RIC et il affirme que dans le Lazaret une erreur s'est produite et qu'il a été enregistré comme faisant partie du 4e RIC (...)"
 
La famille n'a jamais connu la vérité.

La seule vérité est qu'il n'est jamais rentré, ce dossier a été clos, 12 ans après sa mort, en le déclarant tué a Massiges.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à La MAIN de MASSIGES le 25/09/1915

Valéry THERRAS, 20 ans

Bouchet, DROME

4e RIC, 7e Cie

(plaque commémorative dans l' église de Bouchet)

Né le 02/04/1895, fils de Amédée François et de Thérèse Doux (on l'appelait dans le village La Valérine) ; une soeur.
1,65m, cheveux noirs, yeux marrons
Profession : cultivateur, domestique
Célibataire
Tué peu avant l'assaut du 25/09/1915, à 8 h : les témoins sont le Sous-Lieutenant Charles Chereau, le Sergent-Major Emile Viala et le Caporal Louis Galtar.

Pourtant identifié, sa sépulture reste introuvable.

Monument Aux Morts de Bouchet

(En tant que Bousquetine, Annie Mandrin souhaite lui rendre hommage sur cette page)

 

 

Blessé à MASSIGES le 27/09/1915

Sergent Paul BONNAFOUX 4e RIC

Plaissan, HERAULT

Né le 21 novembre 1882, fils de Gonzague et Isabelle Pomié

Agriculteur, il était père de 5 enfants.

Rappelé au 4e RIC le 1er Août 1914

Nommé Caporal le 2 décembre 1914 puis Sergent le 18 février 1915

Blessé (non évacué) le 27 septembre 1915 à Massiges par éclat d'obus à la tête

Son poignant récit est en ligne dans LES COMBATS DE LA MAIN puis l'offensive de septembre 1915.

Citation :

"Sur le front depuis le début de la campagne, s'est toujours fait remarquer par sa belle conduite au feu pendant les combats de septembre au cours desquels il a été légèrement blessé, a refusé de se laisser évacuer"

Nommé Adjudant le 1er octobre 1915 : "réel entraîneur d'hommes, connaissant son métier d'une façon parfaite et le comprenant. A les trois qualités nécessaires à un chef de section : Courage, entrain et calme."

Il envoie les paroles de la chanson du pont de Minaucourt-composée par Abel Majurel, caporal au 22e RIC mplf-à toute sa famille en lui demandant de l'apprendre afin de la chanter à son retour.

"Pont de Minaucourt 1932"

En 1932, un de ses amis revenu dans la région, tire des photos richement annotées du champ de bataille. Elles se trouvent dans LA MAIN 1915-2015 (en construction)

"Ces combats ont marqué nos anciens de façon indélébile" écrit le petit-fils de Paul Bonnafoux qui nous fait partager cette inestimable mémoire familiale.

Paul BONNAFOUX :"Secteur du Petit Bois près de Maucourt en mars 1916"

Blessé le 12 août 1916 à Biaches (face et cuir chevelu par EIB)

Passé au dépot des isolés coloniaux de Marseille le 31 décembre 1916

"Très bon adjudant de Cie. A su maintenir ses hommes en première ligne en des moments particulièrement difficiles"

"Très crâne au feu, dévoué et consciencieux"

Commission de réforme en 1931 : pension 15% pour troubles digestifs, syndrôme d'ulcère duodénal, et amaigrissement.

Médaille Militaire

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Michel Bonnafoux, son petit-fils)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 25 ou 27/09/1915

Joseph CONTE 4e RIC, 32 ans

Lassouts, AVEYRON

gris

(Livre d'Or de l'Aveyron)

Né le 24 août 1883, fils de Pierre et d' Eugénie Viguier ; classe 1903, matricule 2135 au recrutement de Rodez.

1,60 m ; cheveux et yeux châtain. Profession : cultivateur.

Rappelé au 8e RIC le 07/08/1914, puis passé au 4e RIC le 04/09/1914.

Tué le 25 ou 27/09/1915 (la fiche de décès et la fiche matricule sont contradictoires)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 28/09/1915

Léopold SAGNES 4e RIC, 33 ans

Castres, TARN

Né le 25/01/1882, fils d' Ernest et de Delphine Boyer ; classe 1902, matricule 908.

1,72 m ; cheveux et yeux brun

Profession : négociant

Soldat musicien pendant son service au 143e RI.

Rappelé au 8e RIC puis passé au 4e RIC le 30/08/1914

Tombé au champ d' honneur le 28/09/1915 en Champagne.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 28/09/1915

André VAISSADE 4e RIC, 35 ans

Portiragnes, HERAULT

Né le 07/02/1882, fils de Joseph et de Marie Cugnene ; classe 1902, matricule 227 au recrutement de Béziers

1,58 m ; cheveux châtain, yeux gris bleu

Profession : vigneron

Ajourné en 1903 et 1904 pour "faiblesse", bon en 1905 pour le service.

Affecté au 4e RIC le 01/08/1914.

Son régiment est engagé dans la Grande Offensive de Septembre 1915.

Tué à Massiges le 28/09/1915

(Avec l'aimable autorisation de Benoît Balaye)

 

 

Blessé mortellement à MASSIGES le 28/09/1915, MPLF le 11/10/1915

Jean DEJEAN, 33 ans

Cavanac, AUDE

Soldat de 1ère Classe du 4e RIC

( Pendant son service 1903-1905)

Né le 24 juin 1882, fils de Cyprien et de Marie Doumeng ; classe 1902, matricule 187 au recrutement de Narbonne.

Profession : ouvrier agricole

Il a vécu dans un grenier sans commodités ni chauffage pendant un an avant de pouvoir habiter un logement décent amenagé par le propriétaire auquel il avait dit : "si vous voulez que nous restions (il était là avec sa femme et son frère) il faut que vous nous logiez correctement".

(En haut à gauche avec ses frères d'arme)

Affecté au 4e RIC le 13/08/1914

Blessé le 28 septembre 1915 lors de la Grande Offensive, il est envoyé à l'hôpital auxiliaire n°10 à Jarnac (Charente).

Il meurt des suites de ses blessures le 11/10/1915.

"J'ai entendu ma mère (décédée en 2004), sa fille, raconter que pendant la bataille de la Marne, son escouade avait épuisé les munitions et ils tiraient à blanc, et pourtant, les Allemands reculaient.

Pour lui, c'était un miracle.

Il est mort du tétanos.

Il disait ne pas avoir été vacciné et pourtant on lui a mis la pancarte "vacciné".

Sa dépouille a pu être inhumée dans la tombe familiale grâce à la générosité et les relations de M.Perrière, propriétaire du domaine qui a fait rapatrier le corps.

Ma mère n'a jamais compris qu'il ait pu mourir d'un éclat d' obus dans le mollet, lui qui était un homme très solide.

Et elle a toujours regretté d'être restée fille unique, ma grand-mère ne s'étant pas remariée".

"J'ai reçu il y a quelques jours sa fiche médicale. Il est bien arrivé à Jarnac et a été opéré immédiatement. Tout semblait aller bien pendant 9 jours, sa courbe de température était stable et il ne semblait pas y avoir d'infection. Il a dû retrouver espoir... vite déçu car le tétanos s'est déclaré (il n'avait pas été vacciné au front) et en 2 jours tout a été fini.

Pauvre homme, comme tant d'autres, mais lui était et restera mon grand père".

Jacques Maneville, son petit-fils.

(Avec son aimable autorisation)

 

 

MORT AU CHAMP D' HONNEUR à la MAIN de MASSIGES le 29/09/1915

François RICHARD, 39 ans

Crozon-sur-Vauvre, INDRE

4e RIC, 3e Bataillon, 12e Cie

Né le 6 septembre 1876 dans une famille de maçons, François travaille à 18-20 ans comme "minier" dans la mine d'or du Châtelet à Chambon-sur-Voueze (Creuse). Les filons sont mis à jour en 1886 lors de la construction de la gare. L'extraction du minerai se fait par trois puits dans des conditions très difficiles. Les filons sont enchevêtrés dans le granit. Le minerai nécessite des traitements chimiques complexes. Les galeries les plus profondes descendent à 272 m. La silicose ou les intoxications par les vapeurs et fumées entrainent de nombreuses maladies et morts. Le travail pénible est pourtant moins bien payé que dans les autres mines de charbon de la région. Comme François réside à Chambon, il lui faut faire les 5 kms qui le sépare de la mine, le matin et le soir après une dure journée de labeur. La mine est la deuxième de France par son importance. 1912 est l'année de la plus forte extraction avec 1012 kg. Elle fermera en 1955.
En novembre 1897 il est incorporé au 66ème RI pour y faire son service militaire. Le 1er décembre 1898, il arrive au 2ème Régiment d'Infanterie de Marine à Brest, transformé en 2ème RIC en 1900. Il devient clairon. Ses trois ans accomplis, il passe dans la réserve de l'armée active le 1er novembre 1900.
François ne retourne pas à la mine. Il reste dans son village natal, Crozon-sur-Vauvre, au hameau des Poux où habitent ses parents. Il devient maçon, comme son père. Il participe également aux travaux de champs que possède la famille. Le 4 février 1902, il y épouse Ernestine Charbonnier. Ils auront cinq enfants. En 1912, l'Armée le déclare soutien de famille.
En 1914, il a donc 38 ans. Bien qu'étant père de 5 enfants dont l'ainée n'a que 11 ans et déclaré soutien de famille, il est mobilisé dès le début de la guerre et arrive au corps le 7 août. Il est d'abord affecté à Reuilly (Indre) au 65ème RI où il reste jusque fin octobre.

(Dans cette carte, il est question d'une demande de permission pour la Toussaint. Mais son capitaine ne semble pas vouloir accepter. On peut y lire aussi qu'il suit toujours les travaux des champs et de récoltes).
Fin novembre il est à Troyes, donc bien loin de son régiment d'origine.
Le 6 novembre 1914, il passe au 3ème RIC, puis, deux semaines plus tard au 4ème RIC. Ce régiment, basé à Toulon, intervient au front dès 1914. Le régiment monte au front et atteint le département de la Meuse le 11 août 1914. Il participe aux combats le long de la frontière belge, vers Orval. A la mi-septembre il est replié dans le nord-est du département de la Marne aux environs de Ste Ménéhould. Ville-sur-Tourbe, Virginy, Gizaucourt, Hans, Massiges… sont ses lieux de combats.

François rejoint donc le régiment dans la Marne.


A MASSIGES les combats sont nombreux et coûtent chers en vies humaines.

Le 28 décembre 1914, 1100 soldats coloniaux sur les 1800 engagés ne rentrent pas.

La première attaque importante a lieu le 3 février 1915 avec l'assaut des hauteurs de Massiges. En deux jours, les régiments coloniaux perdent la moitié de leur effectif. C'est un échec.

La seconde offensive débute le 25 septembre 1915. Après un mois de combats, malgré des succès, les hauteurs ne sont pas prises, c'est le repli.

François qui a participé à ces durs combats, est déclaré " Mort au champ d'honneur à la Main de Massiges le 29 septembre 1915".

Sa femme reçoit ce courrier tant redouté par les familles !

"Excusez-moi si je vous écris cette carte mais que voulez vous, ça me sera bien pénible de vous annoncer la triste nouvelle. Votre pauvre mari est mort au champ d'honneur, et comme il était de mon escouade je me suis chargé de vous le communiquer, car vous ne l'auriez pas su encore.

Je l'ai beaucoup regretté car nous étions bons camarades et c'était un excellent ami pour moi. J'ai ramassé ses papiers et son argent. Il avait 18 sur lui. Quand nous serons mieux installés, je vous les ferai parvenir. J'en ai pas trouvé davantage. En attendant notre repos, Madame, mes regrets les plus sincères." (Carte envoyée à Ernestine par le Caporal Léon Mazeaud)

Il reçoit à titre posthume la Croix de guerre 14-18, la Médaille commémorative, la Médaille interalliée et la Médaille militaire.

Son nom figure sur le monument aux morts de Crozon. Mais il n'est pas au cimetière. Il repose probablement au Cimetière Militaire Français de Minaucourt, à 2 kms de Massiges, où reposent plus de 21000 soldats.

La Main de Massiges sera l'occasion de nombreuses autres batailles et sera libérée définitivement le 26 septembre 1918 ( Texte écrit en hommage à son arrière grand-père par Jacqva )

De son passé de mineur, sa famille a conservé ces objets :

Lampe à acétylène et probable arme ou outil artisanal (36 cm de long, très effilé)?

Avec l'aimable autorisation de Jacqva, son arrière petite-fille.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 03/10/1915

Georges  MAURY, 32 ans

Engiales, AVEYRON

4e RIC, 6e Cie

(Livre d'Or de l'Aveyron)

Né le 29/07/1883, fils de Pierre et de Marie Valade ; classe 1903, matricule 1833 au recrutement de Rodez.

1,62 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : cultivateur, marchand de vin.

Marié et père d'un enfant.

Rappelé au 8e RIC le 06/08/1914, puis passé au 4e RIC le 30/08/1914.

Tué à l'ennemi le 03/10/1915. Décès constaté sur le champ de bataille de la Main de Massiges, ambulance n°13.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à la MAIN de MASSIGES le 05/10/1915

Ernest BENTRESQUE, 33 ans

St Colombe sur l'Hers, AUDE

4e RIC, 7e Cie

Né le 07/04/1882, fils d' Auguste et Clémence Subreville ; classe 1902, matricule 1260 au recrutement de Narbonne.

1,62 m ; cheveux bruns, yeux gris

Profession : roulier (ancêtre de transporteur routier avec charette et chevaux)

Marié à Pauline ; une fille Marie Louise

Sa fille Marie-Louise

Rappelé à l'activité au 4e RIC le 2 août 1914 ; son régiment est engagé dans l' Offensive sanglante du 25 Septembre 1915.

A la date du 17/10/1915, sa femme s' inquiète de ne pas avoir de nouvelles.

Suivi de ce courrier daté du 24/10...Ernest serait blessé.

L'insoutenable attente continue.

Le 10/12/1915 ce courrier est adressé au Maire de St Colombe sur l' Hers :

Ernest Bentresque est décédé le 05/10/1915 des suites de ses blessures de guerre.

Sa veuve Pauline

En 1956 avec son arrière-petit-fils Hervé

(Avec l'aimable autorisation de Hervé Ramonéda, son arrière-petit-fils)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 06/10/1915

Joseph GRAILLE 4e RIC, 32 ans

Nice, ALPES-MARITIMES

Né le 18/11/1883 à Nice et résidant à Marseille, fils de Pierre et Marie Antoinette Coulon, matricule 2312 au recrutement de Marseille

1,58 m, il était menuisier

Ajourné pour faiblesse, il est réformé temporairement en 1907 pour "imminence tuberculeuse" et proposé pour les services auxiliaires.

Reconnu apte au service armé, il passe au 4e Colonial le 27/01/1915.

Il tombe au Champ d' honneur le 6 octobre 1915 à Massiges.

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 03/11/1915

Louis JEAN 4e RIC, 33 ans

Saint Benoit, AUDE

Né le 01/04/1882, fils de Cyrille et Marie Bernard ; classe 1902, matricule 1263 au recrutement de Narbonne

Condamné en 1895 (13 ans) à 3 mois de prison et 16 f d'amende (sursis) pour complicité de vol de récolte.

Condamnation amnistiée (loi du 24/10/1919)

1,70 m ; cheveux châtain clair, yeux bleus, cicatrice au front

Profession : cultivateur

Rappelé au 4e RIC le 01/08/1914, il est tué à l'ennemi le 03/11/1915, son corps ne sera jamais retrouvé.

(Merci à Joel Dufis)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 03/11/1915

Urbain CHABANNE 4e RIC, 32 ans

Lussas, ARDECHE

Né le 06/12/1882, fils d' Auguste (70 ans) et Marie Pombon ; classe 1902, matricule 163 au recrutement de Pont-St-Esprit ; 1,70m, cheveux et yeux noirs.

Profession : Tailleur de pierres. A épousé en 1907 Julie Verdier

Nommé Caporal le 24/09/1904 puis Sergent de réserve le 19/10/1907

Rappelé au 8e RIC le 04/08/1914, passé au 4e RIC le 03/02/1915.

Disparu le 03/02/1915 Tué à l'ennemi le 03/11/1915 (par avis de 1920 : le corps a t'il été retrouvé dans l'intervalle?)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 05/11/1915

Paul GALLOT, 35 ans

Carvin, PAS-DE-CALAIS

Adjudant-chef du 4e RIC, 4e Cie

Né le 31/07/1880, fils d' Emile et de feue Marie Ringo ; Classe 1900, matricule n°1704 au recrutement de Nice.

1,64m ; cheveux châtain foncé, yeux bleus

Profession : propriétaire

ENGAGE VOLONTAIRE pour 4 ans le 11/08/1898, Paul est nommé Caporal le 20/09/1899 puis Sergent le 01/11/1900.

Il se réengage pour : 3 ans le 03/08/1901 au 8e RIC puis au 13e RIC le 25/10/1901 ; 1 an le 22/08/1904 ; 3 ans le 27/07/1905.

A MADAGASCAR où il restera plusieurs années, son travail est reconnu :

Passé au 21e RIC le 04/11/1905, au 23e RIC le 26/05/06 puis au 13e RIC le 25/04/07.

Nommé Sergent le 30/12/06.

Passé au 4e RIC le 28/09/15, Paul GALLOT vient d'être proposé pour Sous-Lieutenant... Il est tué le 05/11/1915 à Massiges.

Son frère Charles - Sous-Intendant Militaire décoré de la Croix de guerre - reçoit cette lettre le 26 novembre :

"Monsieur,

C'est par une de vos cartes que j'ai pu découvrir votre adresse et je prends la liberté quoique douloureuse de venir vous annoncer une triste nouvelle.

Votre frère Paul était mon ami et nous étions partis de Toulon ensemble c'est pourquoi je viens vous dire que votre frère est tombé au champ d'honneur le 6 novembre dans une attaque opérée par l'ennemi sur nos premières lignes en Champagne. Une balle de Schrapnel lui a traversé le crâne et il est mort sans souffrances 1 h après être touché. Il était allé avec son peloton renforcer une autre bien plus loin. Je n'ai pu le voir car à la nuit tombante, nous étions remplacés par un autre régiment.

J'ai pris ces renseignements qui sont assez vagues. Il paraitrait qu'il a été inhumé au pied du médius ou de l'Index à la main de Massiges.

Sa cantine a été renvoyée et elle vous parviendra car le bureau a donné votre nom. Quant à ses affaires personnelles il paraitrait qu'on lui a enlevé son porte-monnaie, son portefeuille, sa montre et d'autres papiers, mais le tout a disparu et le Commandant a fait un rapport sur la disparition de ces objets." (...)

(Louis Senesse, Adjudant 4e Cie 4e Colonial, secteur postal n°13)

S'ensuit un échange de correspondance entre eux ; Louis Senesse tâche de répondre de son mieux aux questions du frère de Paul Gallot :

Lettre de Louis Senesse.

(Nommé Sous-Lieutenant, ce soldat originaire de Narbonne est tué le 09/05/1917 à Makovo en Serbie)

Le 11/02/1916, Charles Gallot reçoit cet autre courrier :

Mais ses effets personnels ne seront jamais restitués...

Citation :

Dès la fin de la guerre les translations des cimetières provisoires vers les Nécropoles, s'organisent...

Pour Paul Gallot, ce ne sera pas une mais deux translations...Une en 1919, l'autre en 1923 !

(Courrier du Service des Sépultures Militaires à son frère)

Son frère émet-il des doutes quant à l'identification formelle du corps de Paul Gallot ? Le 09/06/1923, l'état civil de Somme-Bionne lui adresse cette lettre :

(Avec l'aimable autorisation de Mme Françoise GALLOT, sa petite-nièce qui s'est rendue à Massiges en août 2016)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 05/11/1915

Henri ROUX 4e RIC, 29 ans

Lacoste, VAUCLUSE


Né le 02/02/1886, fils de Félix et Rose Angeline Cambe.
Il a épousé Sophie Vidau le 18/01/1910 à Salon.
Sans enfants. Il exerçait la profession de boulanger.

L’état des services de Henri signale que ses cheveux et sourcils sont châtains et qu’il a les yeux bleus, son front est ordinaire, son nez droit, sa bouche moyenne, son menton rond et son visage ovale. Son degré d’instruction est noté "2" (sait lire et écrire) et il est inscrit sous le n°3 de la fiche de recrutement cantonal du canton de Bonnieux.

Il est incorporé au 141è RI à Nice à compter du 06/10/1908 comme jeune soldat appelé à l’activité. Arrivé au corps et soldat de 2ème classe, le dit jour. Réformé n°2 par la commission spéciale de réforme de Nice dans la séance du 20/10/1908 pour ‘’Imminence tuberculeuse du sommet droit’’. Parti et rayé des contrôles le 24 dudit, il se retire à Marseille, 40 rue Tivoli.

Il est déclaré "bon service armé’’ par le Conseil de révision des Bouches du Rhône dans sa séance du 26/12/ 1914.
Affecté par les soins du recrutement de Marseille au 4ème RIC à Toulon, il arrive au Corps le 02/02/1915.
Il fait campagne contre l’Allemagne du 23/02/1915 au 05/11/1915, date à laquelle il tombe au champ d’honneur .

Son nom semble avoir été ajouté sur la ''tablette'' de marbre fixée à un mur du hall de l'entrée de la mairie de Salon. Mais, est-il le sien ?… en effet 68 Roux Henri ont laissé leur vie dans le conflit et je n’ai effectué aucun rapprochement d’identité.
S’il est "le notre", il est perdu au milieu des salonais… et il ne figure pas parmi ses 31 collègues lacostois, âgés de 20 à 43 ans, dont les noms sont gravés sur le monument aux Morts de Lacoste implanté dans le cimetière du village.
Sachons encore que 2097 Roux sont morts ’tué à l’ennemi’’ au cours de cette guerre.

Carte adressée le 5 août 1915 à sa soeur, grand-mère maternelle de Chah DUBOST.

"Chère soeur,

Je t'envoit cette carte pour te dire que je suit un peut mieux j'espère que la présente vous trouve en bonne santé Tu me pardonerat si je ne t'écriet pat plus souvent mais tu comprend, je suit tellement embêter. Donne moi l'adresse de Joseph. Le bonjour à tous, embrasse bien les enfants pour moi, reçoit chère soeur une grosse carrece

Ton frère Henri".

Le 23 septembre 1915, le général Joffre avait adressé aux troupes cet ‘’ordre général’’ :

« Soldats de la République,
Après des mois d’attente qui nous ont permis d’augmenter nos forces et nos ressources, tandis que l’adversaire usait les siennes, l’heure est venue d’attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d’Arras.
Derrière l’ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au labeur des usines de France, où nos frères ont nuit et jour travaillé pour nous, vous irez à l’assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées de nos alliés.
Votre élan sera irrésistible.
Il vous portera d’un premier effort jusqu’aux batteries de l’adversaire au-delà des lignes fortifiées qu’il vous oppose.
Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu’à l’achèvement de la victoire.
Allez-y de plein cœur, pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté.
Joffre. »

"A partir de ce plateau, un assaut est donné le 25 septembre 1915 : ‘’la forteresse de la Main de Massiges était réservée à un corps colonial, et on sait déjà quel magnifique exploit elle fut enlevée. Cette prise comprend deux temps. D’abord l’assaut initial. Les hommes sortant des tranchées en colonnes d’escouades se déploient en tirailleurs à un pas, et, en un quart d’heure, ils sont au sommet du plateau. A partir de ce moment, il faut progresser boyau par boyau. Alors il se forme des chaînes d’hommes qui, de main en main, passent les grenades jusqu’au premier rang. De la tranchée, les tireurs visent toute tête ou toute main allemande. On avance ainsi, d’un coude à un autre, jusqu’au 3 octobre’’.
Les deux jours suivants, il s’y déroule plusieurs combats ‘’par des vagues humaines, d’un même mouvement, d’un même élan, surgissent des tranchées des hommes qui s’abattent sur d’autres tranchées’’.
L’avance se poursuit ; ‘’l’infanterie coloniale, dans un magnifique élan, s’empara, en moins d’une heure, au Nord de Massiges, d’un bastion formé par la cote 191’’ ; ‘’la pente Sud du plateau de Massiges, jusqu’au Cratère, a été escaladée en un quart d’heure’’ ; ‘’le lendemain, nous enlevions une tranchée au Nord-est de Massiges, par un coup de main hardi’’.

Mais, le 30 septembre, entre Massiges et Rouvroy, une partie de l’ouvrage de La Défaite, enlevé la veille, est reprise par l’ennemi ‘’malgré la ténacité de nos soldats’’.
La lutte ne cesse pratiquement pas. L’artillerie a constamment tonné de Tahure à la Courtine et à la Main de Massiges et l’ennemi s’est, à plusieurs reprises, jeté sur nos lignes, après les avoir bombardés à l’aide d’obus suffocants et en faisant précéder les vagues d’assaut par le lancement de liquides enflammés.
Bien que les positions occupées soient très difficiles à conserver voire intenable, on arrache, on défonce, on conquiert méthodiquement, pouce par pouce, les tranchées et les points stratégiques ennemis, jour après jour"
. (Extrait du Journal L'illustration du 20 novembre 1915)
Le généralissime constate les résultats le 3 octobre, dans un de ses ordres du jour sobres et définitifs, il nous donne un magnifique exemple :

« Le commandant en chef adresse aux troupes sous ses ordres l’expression de sa satisfaction profonde pour les résultats obtenus jusqu’à ce jour dans les attaques. 25.000 prisonniers, 350 officiers, 150 canons, un matériel qu’on a pu encore dénombrer, sont les trophées d’une victoire dont le retentissement en Europe a donné la mesure. Aucun des sacrifices consentis n’a été vain. Tous ont su concourir à la tâche commune. Le présent nous est un sûr garant de l’avenir.
Le commandant en chef est fier de commander aux troupes les plus belles que la France n’ait jamais connues.
Joffre. »

"Du 3 au 7 novembre 1915, des attaques se sont renouvelées avec plus ou moins d’intensité, notamment à la cote 199 de la Main de Massiges. Les Allemands ont parfois pu prendre pied dans quelques tranchées ; ils en ont ensuite été chassés". (Extrait du Journal L'illustration du 20 novembre 1915)

(Avec l'aimable autorisation de Chah DUBOST-CROUSILLAT son petit neveu)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 06/11/1915

Louis Marius TROMPETTE 4e RIC, 33 ans

Trèbes, AUDE

A sa droite, Jean Marcaillou, et à sa gauche, Durand

Né le 10/03/1882, fils de Jules et Françoise Belon ; classe 1902, matricule 246 au recrutement de Narbonne.

1,74 m ; cheveux blonds, yeux gris

Profession : cultivateur

Rappelé à l'activité au 4e RIC le 13/08/1914.

Son régiment est engagé dans l' Offensive sanglante du 25 Septembre 1915 à Massiges, dans le secteur de l' Annulaire de la Main de Massiges.

"Au mois d’octobre, le régiment est en ligne avec un bataillon au Mont Têtu, un autre à la Verrue, et le 3e en réserve au pied de l’Index. Les vides ont été comblés par des renforts, mais les officiers sont nouveaux et ne connaissent pas bien leurs hommes ; les hommes sont des récupérés qui auraient besoin d’une bonne période de remise en main et d’entraînement ; de plus la pluie se met à tomber et l’ennemi marmite constamment.

Le 3, le tir de l’artillerie devient plus violent et, vers 16 heures, la première ligne est à la fois bombardée avec des lacrymogènes et arrosée avec des lanceflammes. Les lacrymogènes ne font pas grand mal, car chacun a mis son masque, mais les flamenverfer produisent un effet de surprise suffisant pour entraîner l’abandon du Mont Têtu.

Les troupes reprennent cependant vite leur sang-froid et, au cours de la nuit, deux contre-attaques successives sont menées avec vigueur, sans succès ; il faut attendre le jour pour attaquer de nouveau. Le régiment réussit à réoccuper presque tout le terrain perdu la veille, mais le tir des mitrailleuses ennemies l’oblige à organiser le terrain et à élever des barrages de sacs à terre ; il repousse un retour offensif des Boches.

Enfin une quatrième attaque est montée avec le concours du 8e Colonial et de sapeurs pompiers de la ville de Paris, munis de lance-flammes. Les résultats en sont à peine sensibles, car si nos hommes sortent des tranchées avec leur élan habituel, les pompiers en revanche ne connaissent pas suffisamment la manœuvre de leurs appareils et ont, de plus, vent contraire. D’ailleurs, l’ennemi qui veut à tout prix un succès, pour effacer sa défaite récente, emploie les grands moyens, écrase nos tranchées sous une avalanche d’obus et d’engins de tranchée et nous sommes contraints d’évacuer la position du Mont Têtu, sans combat. Le gain matériel de l’ennemi est minime, mais l’effet moral, sur des hommes aussi fatigués que les nôtres, est considérable".(Historique du 4e RIC)

le 6 novembre 1915, Louis est tué.

Un siècle après, sa petite-fille lui rend ce bel hommage :

Avec l'aimable autorisation de Marie-José Lozano, sa petite-fille, que nous remercions pour son généreux don.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 25/09/1915

Louis FABRE, 32 ans

Florensac, HERAULT

4e RIC

Né le 07/06/1883, fils d'Ariste et d'Hortense Bonnel ; classe 1903, matricule 719 au recrutement de Béziers.

Profession : cultivateur

1,67 m ; cheveux châtains, yeux châtain clair

Rappelé à l'activité au 4e RIC le 01/08/1914

Tué à l'ennemi le 25/09/1915

(Avec l'autorisation de Mme Annick Chapelat)