ORAGES D'ACIER ET GRENADES

(Armes et munitions ont été démilitarisées et neutralisées)

Têtes d’obus

L’artillerie fût la cause principale de blessure et de mort : 70 % des blessures  furent infligées par les obus.

Plus souvent, ce sont les éclats qui ont tué et blessé.
Obus à shrapnell, obus explosifs, obus qui se brisent en mille morceaux : de véritables hachoirs à soldats  qui  provoquèrent les pires blessures.


Je me rappelle leur affolement quand la nuit, pour la première fois, ils montaient pour la relève.

Pris dans les tirs de barrage qui les faisaient tournoyer sur ces terres labourées d’énormes cratères, perdus, terrorisés! "

(Pierre Mayoux, Paul Doncoeur, aumonier militaire, 1966)


"Secoués au moins 2 fois chaque minute par des explosions d’obus, nous sommes dans une obscurité et des vibrations perpétuelles." 

(Louis Maufrais, J’étais médecin dans les tranchées)


"A ce moment-là, nous entendons derrière nous un sifflement, qui grandit, et qui devient un grondement puissant comme le tonnerre.

Quoi, du boche ou du 75 qui tire trop court ?...

La meute de feu nous cerne, nous mord.

Les croix broyées nous criblent d’éclats qui sifflent…

Les torpilles, les grenades, les obus, les tombes même éclatent, tout saute, c’est un volcan qui crève.

La nuit en éruption va nous écraser tous…

Au secours ! Au secours ! On assassine des hommes !"

(Roland Dorgelès, les Croix de bois, 1919)

Minenwerfer

Dès octobre 1914, les Minenwerfer entrent en action, dévastant les tranchées françaises et causant de lourdes pertes.

"A peine déposé dans le berceau de ma tranchée, je reçus le baptême du feu.
Il fût administré avec une telle violence que je pensai bien en mourir.

Ce soir-là, l’ennemi nous envoyait gratis ces petites dragées de 200 kilos, qu’on appelle « minenwerfer ».

Elles sont vraiment dures à croquer : Un obus vous tue sans vous prévenir, c’est mieux.

Mais ces énormes bombes viennent lentement vous apporter la mort.

Lancées de la tranchée voisine, vous les voyez monter en l’air jusqu’à environ 200 mètres ; puis, comme à bout de souffle, vous tomber droit sur la tête.

C’est épouvantable !

Sans bruit, elles s’enfoncent en terre, et après quelques secondes d’un silence mortel, elles éclatent, sourdement, lugubrement, vomissant des lèvres de leur entonnoir une bave épaisse de fumée noirâtre, mille éclats stridents, des monceaux de terre."    

(Joseph Raymond, Froc et Epée, 1919)

"Après notre quart de jus, nous entamons une cigarette quand, tout à coup, après un léger sifflement, un choc effroyable nous soulève et nous renverse.

De larges plaques de craie gonflées par l’eau nous tombent sur la tête dans un bruit terrible.

Dans le même temps, un jet de poussière suffocante, d’une force extraordinaire, nous prend à la gorge et aux yeux.

Nous sommes absolument sourds.

Le bruit monstrueux de l’explosion a été suivi d’une avalanche d’éclats d’obus qui tombent en sifflant, avec des mottes de terre si grosses qu’on a l’impression qu’elles vont écraser l’abri." 

(Louis Maufrais, J’étais médecin dans les tranchées)

Obus à shrapnell

"Feu roulant, tir de barrage, rideau de feu, mines, gaz, mitrailleuses, grenades, ce sont là des mots, desmots, mais ils renferment toute l’horreur du monde." (Erich Maria Remarque, à l’Ouest, rien de nouveau, 1928)

Tranchée et canon de 37 en position (mars 17)


"Sur un espace relativement très restreint, les Français ont lancé en un seul jour jusqu’à 100 000 obus.

Nous avons trouvé un ordre du Commandement français.  Comptant, par mètre courant, à l’endroit où devait avoir lieu l’assaut et la percée, 18 obus, et cela réparti, non pas sur toute la journée, mais peut-être sur une heure ou deux.

La vitesse de tir était donc semblable à celle d’une mitrailleuse, avec cette différence qu’il s’agissait ici, non pas des balles, mais d’obus de tous calibres.

« Feu roulant » tel est le nom de tir, et ses effets étaient terribles.
Les réseaux de fil barbelés étaient complètement anéantis et comme balayé par la mitraille, et les tranchées étaient devenus plates comme une assiette ; les abris étaient enfoncés et aucune ressource de l’art des fortifications de campagne n’étaient en mesure de résister, même quelques instants, à un feu pareil.
Quand ce feu roulant entrait en action, il s’élevait au-dessus de nos tranchées un mur gigantesque de fumée, de poussière ou de débris de chaux, ainsi que des fragments d’explosifs, qui séparait la garnison de la tranchée du monde extérieur.

Ajoutez à cela cet  incessant roulement, grondement,  craquement qui, à de nombreuses lieues, faisait encore le bruit d’un terrible orage.
Lorsque les grenades à la main avaient été lancées, nos troupes d’assaut se précipitaient dans la tranchée, au mépris de la mort, et il s’engageait un furieux combat corps à corps dans lequel  la baïonnette et la hache, les talons de souliers et les becs de pioches accomplissaient leur meurtrière besogne jusqu’à ce que l’ennemi  fût massacré ou se rendit.
Dans  les attaques générales, les français procédaient strictement d’après leur schéma de percée bien connu :
Une épaisse ligne de tirailleurs en avant du front, et, cent mètres en arrière, les colonnes de compagnie et de bataillon en rangs serrés.

Ce système d’attaque, qu’ils employaient toujours leur a coûté des pertes énormes.
Ce n’est sans doute pas une exagération que d’évaluer les pertes d’un régiment français dans une attaque de ce genre à 40 ou 50 p.100
Un officier français prisonnier déclara que l’effet de notre artillerie sur les masses serrées avait été épouvantable et ajouta : les attaques sont un carnage insensé ; ce n’est plus attaquer, c’est s’agiter follement sur des cimetières mais nous continuerons d’agir ainsi jusqu’à ce que le gouvernement français reconnaisse l’inefficacité d’un tel procédé, ou que nous réussissions." 

(Prince Oscar de Prusse, 3ème Armée Allemande, février-mars 1915 Côte 196)

Grenades françaises percutantes P1, grenade "poire" ou "cuiller"

Cent ans après, elles restent TRES DANGEREUSES et nombreuses dans les sous-bois :

NE PAS Y TOUCHER!

Produites à partir de mai 1915 et employées massivement.

Dangereuses à cause de leur allumage peu fiable et d'une fragmentation déficiente.

L'amorçage involontaire réalisé en coupant la cuiller en aluminium ou en acier fut à l'origine de nombreux accidents.

"Des grenades "cuiller" leur furent distribuées à la dernière heure. Aucun gradé n'en connaissait le fonctionnement."

( le 26 septembre 1915, Naegelen, les Suppliciés, 1927)

Grenade allemande Kugel modèle 1913

Dotée d'un profond quadrillage externe pour faciliter la fragmentation en 70 à 80 éclats.

"Les Allemands ont commencé à faire un très large emploi de projectiles qui pour la plupart nous étaient inconnus : grenades à fusil, grenades à manche, pétards d'explosifs dans des boîtes de conserve ; plus tard, petites grenades plates très dangereuses armées de plusieurs percuteurs" ( les "tortues")

(Général Rouquerol, la Main de Massiges)

Arbalète lance-grenades

Lance-grenades

Grenade française fusante F1

Elle apparaît en mai 1915

Champagne 1917, grenades