Jean CATHEBRAS 342e RI tué le 29/09/1915 à Massiges
Des familles toujours plus nombreuses entreprennent ce bien émouvant voyage de mémoire.
Aujourd'hui encore, cette mémoire reste vive, parfois douloureuse en l'absence de lieu de sépulture : pour ces familles de disparus, combien de deuils impossibles laissés en héritage, transmis de génération en génération ?
"Ce que la guerre a détruit est immense dans les coeurs ..." (Mme Viviane Deuil épouse Doudeau, petite-fille de Rose Deuil, 1er Génie)
Nous dédions cet espace aux familles qui souhaitent continuer de faire vivre la mémoire de leur proche : ultime hommage à ces hommes qui s'en furent sur le chemin parfois sans retour qui montait vers l'Histoire.
Un soldat sur trois des classes 14 et 15 n’est jamais rentré !
"Chaque soldat est, à cause de la multitude, invisible et silencieux". (Henri Barbusse, le feu, 1916)
La mort de masse a dilué tous ces destins individuels : redonner à ces soldats un nom, un visage, et leurs mots, humanise l'Histoire.
Ces regards qui fixent l'objectif nous interpellent : nous connaissons la certitude de leur mort et pourtant, nous nous surprenons à espérer avec eux !
Plus de 200 plaques d'identité restituées à leur famille !
"Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous." Paul Eluard
Paroles de familles :
- "J'ai mis sa plaque dans un petit pot où les terres de Misson et de Massiges sont mêlées : terre de son potager, terre du champ de bataille. La terre donne de la paix." (Marie-Hélène Cressonnier, petite-fille de Louis Calybite 33e RIC)
- "Avec tonton Ignace, un maillon de plus s'accroche à la chaîne de nos souvenirs." "En la recevant, c'est un peu comme si mon oncle après un long voyage rentrait à la maison". (Mme Laugier-Maraninchi)
- "Je ne pourrais, ni ne voudrais, vous dire la violence, le bouleversement qu'a provoqué en moi cette nouvelle. Je n'oublierai rien." (Mme Bertrand, nièce de Louis Zagala 23e RIC) Décédée le 06/04/2016, sa dernière lettre - bouleversante - nous était adressée...Comme elle, nous ne l'oublierons pas.
- "Grâce à vous des horizons s'éclaircissent et des voiles disparaissent." (Mme Robert)
- "Le passé reste toujours gravé." (Mme Catus, fille de Charles Leygonie)
-"Et ses plaques nous reviennent. Je ne crois pas au hasard, il y a là bien plus qu'une simple mémoire à honorer. Ces hommes qui surgissent du passé ont des choses à nous dire. Bien sûr la mémoire est importante pour montrer aux jeunes générations toute l'horreur des guerres mais il y a aussi toutes ces blessures familiales, ces non-dits, qui se transmettent au cours des générations et qui ont besoin d'être guéries." (Mme Odile Varagnat, petite-nièce du soldat Garbil)
Remerciements :
Sans la ténacité d' Annie Mandrin et Robert Beaufrère, nos 2 formidables généalogistes bénévoles, nous n'aurions jamais pu remonter ce chemin de Mémoire jusqu'aux familles : faire "rentrer" ces soldats nous a paru essentiel. Il était temps pour ces hommes de reprendre leur place dans la mémoire familiale et plus largement dans celles des hommes.
Ce petit fragment de métal était la clef du deuil pour les familles. Plus de 300 000 soldats français sont toujours portée disparus : leurs corps ne portaient plus la plaque qui aurait permis de leur identification.
Parfois arrachées par un impact, perdues ou remplacés, mais dans tous les cas, ces plaques ont été portées par eux puis unies pendant 100 ans au pied d'une grange pour les 90 soldats du 158e/358e RI (14e Cie et 22e Cie-6e Bataillon-) Ces hommes se connaissaient : certains ont même été les témoins officiels de la mort de leurs camarades. Il en est de même pour le lot de plaques de soldats du 95e RI, tous disparus, tués ou blessés le 17 ou 19/04/1917 !
Beaucoup d'autre plaques trouvés sur le terrain nous ont été confiées.
Les familles n'en reviennent toujours pas de ce passé qui se fait si proche tout à coup : beaucoup d'émotion et de fierté à la réception de ces plaques.
Ces petites victoires sur l'oubli sont l'aboutissement d'un formidable travail de recherches, et le fruit d'une longue chaîne de solidarité : tous nos remerciements au monsieur qui nous a confié ce gros lot de plaques du 158e RI et 358e RI retrouvé enterré au pied de sa grange à Moiremont (à 14 kms de Massiges) ; à Thérèse Mathieu, Jean-Pierre Mainsant, Eric Marchal, Albert Varoquier, Christian Janson et sa nièce, Doudou et Jean-Claude Michel, Jacques Limal, Mr Begoug, Manu Bujon, Mikael Maudoigt, Bertrand Camard, Gabriel Francart, Mr Eber, la petite-fille d' Albert Varoquier, Fabrice Lodigiani, M et Mme Jacquomet, et beaucoup d'autres, qui ont tous estimé que ces plaques ne leur appartenaient pas.
Nous remercions également les forumeurs de l'excellent forum 14-18 ; les cercles généalogiques et les mairies de villages, souvent très réactives !